_: Italie . Après l' avoir poussé à la démission , Il Cavaliere s' est installé dans le fauteuil de son ministre des Affaires étrangères . Berlusconi cumuleLa " crise " au sein du cabinet italien traduit moins une différence d' approche sur l' Europe et l' euro qu' un souci intérieur visant à prendre en compte la démarche populiste qui a contribué à installer la droite transalpine au pouvoir . Après la démission de Renato Ruggiero de son poste de ministre des Affaires étrangères , Silvio Berlusconi s' est auto-désigné nouveau chef de la diplomatie italienne . Comme il le dit en toute modestie : " Je suis la bonne personne à la bonne place car il faut un homme d' affaires novateur et un organisateur . " Quant aux craintes exprimées dans certaines chancelleries européennes , Il Cavaliere s' est voulu rassurant à l' occasion d' une interview publiée par le quotidien Corriere della Sera : " Nous sommes fermement convaincus que l' avenir de notre pays réside dans une Europe plus forte . " C' est sans doute pour cela qu' il n' exclut pas de nommer Gianfranco Fini , le leader de l' Alliance nationale ( post-fasciste ) et actuel vice-président du Conseil , ministre des Affaires étrangères . Un " candidat pertinent " pour un portefeuille à prendre dès que Berlusconi aura " achevé la réforme du ministère " qui devrait s' attacher à promouvoir le commerce et les produits italiens auprès des partenaires internationaux . D' ailleurs , le président du groupe des démocrates-chrétiens au Parlement européen , Hans-Gert Poettering est confiant . " Je n' ai pas le moindre doute quant à la loyauté de Silvio Berlusconi . Je pense que le gouvernement italien continuera à suivre la politique européenne que l' Italie a toujours défendue " , a -t-il déclaré . Au-delà des déclarations politiques , il est évident que le gouvernement Berlusconi s' est engagé dans une politique européenne sans se faire violence . Ce qui fait dire au gouverneur de la Banque d' Italie , Antonio Fazio , que le gouvernement " se dirige dans la bonne direction " et peut aborder les réformes structurelles selon lui nécessaires et demandées par Bruxelles et le FMI . En route donc vers une libéralisation accrue du marché du travail . Le gouvernement vient ainsi de suspendre l' obligation faite aux entreprises de réinsérer automatiquement les travailleurs licenciés abusivement . Parallèlement , le pouvoir italien a fait adopter la dépénalisation des délits financiers et s' attelle maintenant à une refonte des impôts sur les sociétés . Surtout , " l' annulation du déficit public en 2003 reste un objectif prioritaire qui sera poursuivi avec fermeté " , ainsi que l' a déclaré le vice-ministre de l' Économie et des Finances , Mario Baldassari . Si la croissance italienne est l' une des plus basse d' Europe - le système productif est fortement fragilisé - , les profits ont cependant augmenté de 17 % en un an . Après avoir placé un des leurs à la tête du gouvernement , les patrons italiens semblent prendre directement les choses en main . Comme le souligne Alfonso Gianni , député de Refondation communiste , " la Démocratie chrétienne n' existe plus . Ce n' est plus Andreotti mais Berlusconi qui détient le pouvoir et Berlusconi est avant tout un patron " . La Cofindustria ( le MEDEF italien ) maintient ses exigences et le fait savoir . Tout en évaluant la croissance à moins de 2 % pour 2001 , l' organisme patronal réclame une " gestion rigoureuse des dépenses publiques " et demande au gouvernement de Silvio Berlusconi d' opérer des " choix courageux " . Un voeu qui concerne principalement la réforme des retraites et la réglementation du travail . Roberto Maroni , le ministre du Travail a d' ores et déjà proposé une libéralisation de l' âge de départ à la retraite et il veut encourager la prolongation de la vie active . " Il avait fallu un an à Margaret Thatcher pour prendre la mesure de ce qu' il fallait faire . Il nous en faudra beaucoup " , a lancé avec fierté le ministre de l' Économie , Giulio Tremonti . C' est assurément tout un programme ! A la tête d' une coalition de droite , la Maison des libertés , Silvio Berlusconi doit , en permanence , ménager ses partenaires . La droite italienne est en effet composée d' une tendance fortement liée au processus de mondialisation libérale ( le parti de Berlusconi , Forza Italia et une majorité de l' Alliance nationale ) et d' une branche qui prend ses racines dans un populisme historique ( dont la Ligue du Nord de Umberto Bossi assume l' héritage ) et se veut le défenseur des " petits " . L' homogénéité de la coalition passe donc par une médiation dont Renato Ruggiero vient de faire les frais . Berlusconi peut ainsi jouer sur les deux tableaux . Contrairement à ce que l' on aurait pu penser , son gouvernement ne sort pas affaibli de cette crise . Il continue à favoriser les intérêts de la grande bourgeoisie , tout en se présentant comme le garant des plus démunis .