_: Religion . Début dimanche des élections du Conseil français du culte musulman . L' islam organisé ou encadré ? Les 6 et 13 avril , les représentants des mosquées éliront leurs délégués au Conseil français du culte musulman et dans ses instances régionales . Accouché dans la douleur après trois ans de discussions , le Conseil français du culte musulman ( CFCM ) aura minaret sur rue dans quelques jours . Après plusieurs dizaines de réunions de la Commission d' organisation de la consultation des musulmans , créée par Jean-Pierre Chevènement alors ministre de l' Intérieur , le futur Conseil sera composé des délégués régionaux , eux-mêmes élus par les représentants des quelque mille cinq cents mosquées et autres lieux de culte musulman de France . Un processus , précipité par Nicolas Sarkozy , visiblement pressé de donner à la deuxième religion de France une vitrine officielle , et de la débarrasser de son image fondamentaliste aux yeux d' une population troublée par le contexte international de l' après- 11 septembre . Mais la façon dont se sont déroulées les négociations et les claquements de porte successifs laissent à penser que la méthode Sarkozy est loin de faire l' unanimité au sein d' une communauté religieuse marquée par une grande diversité . Contraints de s' entendre dans l' urgence , les représentants des différents courants du monde musulman se sont , semble , davantage penchés sur la répartition des postes au sein de l' instance que sur les questions de fond . Pour preuve , les dernières modifications de l' organigramme de l' institution : le nombre de membres au bureau est passé de onze à seize et celui au conseil d' administration , de quarante-deux à soixante-quatre . Le poids donné à certaines mouvances par le ministre de l' Intérieur est aussi à l' origine de nombreuses discordes . Seule femme supposée siéger au bureau du Conseil en tant que personnalité , Bétoule Fekkar-Lambiotte , présidente de Terres d' Europe , a jeté l' éponge au mois de décembre . " Je démissionne pour défendre l' islam républicain " , dit celle qui dénonce " l' arrogance cachée et l' islam rétrograde de l' UOIF " . L' Union des organisations islamiques de France , proche des Frères musulmans d' Égypte ( branche interdite dans de nombreux pays musulmans ) et financée par l' Arabie saoudite , s' est en effet vu offrir sur un plateau une des deux vice-présidences du CFCM , en la présence de son dirigeant , Fouad Alaoui . Car , pour le premier mandat , le bureau du Conseil n' est pas élu mais coopté . Et il est d' ores et déjà convenu qu' il sera présidé par Dalil Boubakeur , recteur de la Grande Mosquée de Paris , centre névralgique des réseaux soutenus par l' Algérie et prônant un islam relativement libéral . Quant à l' autre vice-présidence , elle revient à Mohamed Bechari , président de la Fédération nationale des musulmans de France , créée par les Marocains et aux pratiques modérées . Trois composantes qui , au-delà de leurs divergences idéologiques , s' opposent surtout dans des luttes de pouvoir et d' influence au sein de la communauté des fidèles . À lui seul , ce trio est censé représenter près de 70 % des musulmans , mais la réalité semble toute autre . Outre les trois principales formations religieuses , le Conseil fait aussi une place au Comité de coordination des musulmans turcs de France en lui cédant son secrétariat général , ainsi qu' à la Fédération française des associations islamiques d' Afrique , des Comores et des Antilles qui pourrait hériter de la responsabilité des relations internationales . Au total , les grandes fédérations se voient attribuer sept représentants et les grandes mosquées cinq . Enfin , deux personnalités dites qualifiées ont été intégrées à l' équipe dirigeante : Dounia Bouzar , en remplacement de la démissionnaire Bétoule Fekkar-Lambiotte , et le grand mufti de Marseille , partisan d' une conception progressiste de l' Islam , Soheib Bencheickh . La manière dont la répartition s' opère laisse certains observateurs perplexes . Parmi eux , Michèle Tribalat , démographe . " Les places ont été distribuées du haut de la pyramide et tout est joué d' avance " , accuse la co-auteure de la République et l' islam , qui suspecte le Conseil d' avoir avant tout été créé pour " rassurer les Français non musulmans " . De plus , selon elle , " l' État n' a pas à se mêler de l' organisation d' un culte ni à se fabriquer son propre interlocuteur " . Et de pressentir que l' instance ne sera pas " le lieu où une réforme de l' islam va s' élaborer mais où des gens très actifs vont se surveiller les uns les autres " . Néanmoins , la représentativité de la deuxième religion de France à travers une institution démocratique et ouverte aux différents courants de pensée respectueux des principes républicains comme la laïcité est une nécessité absolue .