_: Altermondialisation . Bové reprend sa place Trois semaines après que Jacques Chirac a refusé une grâce totale , une juge d' application des peines de Montpellier libère le leader de la Confédération paysanne . Il sera au rendez -vous du Larzac le week-end prochain . José Bové est rentré chez lui . En quittant la prison de Villeneuve-lès-Maguelone ( Hérault ) , samedi en début d' après-midi , il a souri , embrassé tout le monde , serré des mains . Au bistrot du coin , il a bu une bière avec Ghislaine , avec son avocat , avec ses voisins , ses amis , ses compagnons de lutte . Avant de partir , il n' a pas manqué de se retourner vers la maison d' arrêt , vers ses compagnons d' infortune , les locataires de la " France du sous-sol " selon son expression . Lui , il sort . Il a de l' espoir , pas du grain à moudre mais du pain sur la planche : un emploi à mi-temps à l' association pour l' Aménagement du Larzac ( APAL ) , le reste pour ses brebis et ses activités syndicales . Ceux du dedans sont condamnés à vivre à petit feu , à tuer le temps qui ne passe pas . Derrière les barreaux comme sous l' éteignoir ; en prison dans un non-lieu , déshumanisé , asphyxiant tout désir . José Bové ne part ni brisé ni indemne . Il reprend sa place , celle qu' il n' aurait jamais dû quitter , de sa ferme de Potensac , près de Millau , au jardin planétaire , du local au global . Mais il jette un regard appuyé vers la cour de promenade ; il ne tourne pas la page d' une traite . " Un autre monde est possible " , et il commence nécessairement dans cette maison d' arrêt aussi . Hier matin , José Bové a fait la grasse matinée . C' est qu' il est libre maintenant . Il a droit , par exemple , de reprendre sa vie là où les autorités ont voulu la mettre entre parenthèses : au fond de son lit , quand au petit matin du 22 juin , des robocops étaient venus l' enlever en force . Vendredi dernier , Danielle Maccioni , juge d' application des peines au tribunal de Montpellier , a ordonné la libération : après un mois et demi de prison , le syndicaliste purgera le reste de sa peine " dans le cadre d' un chantier extérieur sans surveillance du personnel de l' administration pénitentiaire " . Le parquet de Montpellier , opposé à l' aménagement de la peine de José Bové , aura attendu la dernière minute , samedi matin , pour faire savoir qu' il ne ferait pas appel , ni dans les 24 heures - ce qui aurait différé de plusieurs semaines au moins la sortie du syndicaliste - , ni plus tard . L' ordonnance de la juge d' application des peines de Montpellier justifie sa décision en expliquant notamment que " les activités syndicales de José Bové , qui a été élu membre du comité national de la Confédération paysanne et son porte-parole au niveau national , doivent être prises en compte , dans la mesure où elles s' exercent dans le respect de la loi " . José Bové est soumis à plusieurs obligations : résider à Potensac ; répondre aux convocations de la justice ; travailler auprès de l' APAL ; obtenir l' autorisation de la juge d' application des peines avant tout déplacement à l' étranger ; et pointer tous les quinze jours à la gendarmerie . Ce lundi , le syndicaliste paysan mettra , au sein de l' APAL , la main à la pâte pour les ultimes préparatifs du rassemblement altermondialiste prévu le week-end prochain sur le plateau du Larzac . Ensuite , au début du mois de septembre , il y aura la conférence ministérielle de l' Organisation mondiale du commerce ( OMC ) de Cancun , au Mexique . Le porte-parole national de la Confédération paysanne , déjà accrédité , devrait , en toute logique et dans le droit fil de l' ordonnance de la juge d' application des peines de Montpellier , pouvoir y représenter son organisation . L' annonce de la libération de José Bové a été saluée unanimement par la gauche . Au nom du PCF , Marie-George Buffet " se réjouit que José Bové puisse bénéficier d' un aménagement de peine . Beaucoup d' hommes et de femmes seront très heureux , ajoute -t-elle , que José Bové puisse participer à la grande fête altermondialiste sur le plateau du Larzac . Les communistes en sont . " Annick Lepetit , porte-parole nationale du PS , se félicite d' une décision de justice qui " clôt heureusement l' épisode de son arrestation très spectaculaire qui avait provoqué une vive émotion en France et en Europe " . Chez les Verts , Alain Riou , président du groupe au Conseil de Paris , déplore que " Jacques Chirac n' ait pas pris une mesure de grâce individuelle auparavant . Ce que le système judiciaire a fait , le président de la République aurait pu le faire plus rapidement " , avance -t-il encore . Même son de cloche à ATTAC : " la justice a fait ce que Jacques Chirac n' a pas fait , explique Jacques Nikonoff , le président de l' association altermondialiste . C' est une grossière erreur politique . Plus généralement cette décision devrait trouver des suites pour tous les autres militants associatifs ou syndicaux qui sont poursuivis pour des motifs mineurs . Cette décision de justice est très importante car elle marque une rupture " .