_: Affaire de pédosexualité en Corse Haro sur ceux qui brisent le silence Deux fonctionnaires du ministère de l' Agriculture en poste à Bastia , Michèle Chirat et Fabrice Torre , ont entamé hier une grève de la faim illimitée , afin de protester contre les sanctions qui les frappent , après avoir dénoncé les pratiques pédosexuelles de leur supérieur hiérarchique . L' affaire commence à faire grand bruit en Corse , d' autant qu' elle affecte le Centre régional de la propriété forestière ( CRPF ) , établissement public créé récemment en Corse ( en 1998 ) au service de propriétaires privés . Sur une île ravagée chaque été par des incendies , l' entretien et l' exploitation des forêts corses n' ont rien de subalterne . Tout commence avec la nomination , en août 2001 , d' un nouveau directeur ayant apparemment bénéficié de solides soutiens . Un mois plus tard , les agents du centre découvrent avec stupéfaction que les ordinateurs du CRPF sont saturés de messages électroniques n' ayant guère de rapport avec la sylviculture . Le nom des sites Internet visités ne laissent aucun doute sur le centre d' intérêt , pour ne pas dire l' obsession de l' utilisateur . Il n' est question que d' " illegal sex " , de " lolitas " , de " virgins " et autres références pédosexuelles . Dialogues , mais aussi photos et vidéos pédopornographiques . Plus de 32 heures de connexion en juillet , 204 heures en août ... , autant dire que le surfeur a consacré plus que son temps de travail à la chasse aux petites filles et aux garçonnets . Or , il n' y a qu' un utilisateur : le directeur , lequel a d' ailleurs laissé son nom et les coordonnées du CRPF sur de nombreux sites payants . Une imprudence qui en dit long sur le sentiment d' impunité qui l' habitait . En résumé , le directeur se livrait à des activités illégales et très onéreuses , pendant ses heures de travail , et aux frais du contribuable . Scandalisé , les agents du CRPF réagissent . Ils savent que " le fait , en vue de sa diffusion , de fixer , d' enregistrer ou de transmettre l' image d' un mineur lorsque cette image présente un caractère pornographique " , est un délit . Ils rappellent donc ce texte du Code pénal dans une lettre collective adressée le 13 septembre 2001 aux administrateurs du CRPF , au préfet de région et au ministère de l' Agriculture . " Soucieux de préserver l' image et la dignité " de leur centre , les fonctionnaires demandent notamment au préfet " de faire diligence pour mettre un terme à cette situation " . Ils ajoutent , à titre préventif , qu' ils ne pourraient " admettre l' éventualité d' une mise en cause de ( leurs ) responsabilités individuelles sur des faits que l' opinion publique insulaire ne manquerait pas de qualifier d' honteux " . Intuition justifiée . Bien qu' une instruction judiciaire ait été ouverte à Bastia , puis à Ajaccio où elle végète , aucune sanction n' a été prise à l' encontre du directeur amateur de " fruits verts " . Bon enfant , le conseil d' administration a simplement demandé au directeur de régler sa lourde facture d' internaute , ce qui permet au président Dominique Santoni d' affirmer que le CRPF n' a subi aucun préjudice . Le surfeur pédosexuel semble avoir démissionné . Sans doute est -il déjà en poste sur le continent , sur d' autres ordinateurs du ministère . Par contre les agents qui ont eu le courage de dénoncer l' affaire se retrouvent , eux , sous le coup de sanctions . Michèle Chirat , secrétaire , a été évincée de la sélection au poste de technicien auquel elle pouvait prétendre . Il a été brutalement mis fin au détachement de Fabrice Torre en Corse , avec la bénédiction de la direction générale de l' administration . A la demande du président du CRPF , Dominique Santoni Santoni . Contacté par téléphone , ce dernier déplore une " chronologie regrettable " et affirme que le conflit avec Fabrice Torre est antérieur . Il explique qu' il n' a pas demandé de sanction contre le directeur " parce que cela relève de la justice " , qu' il ne connaît pas Internet et qu' il n' a pas pu apprécier les documents de ce dossier car il ne parle pas anglais . Au ministère de l' Agriculture , on nous dit qu' il n' était pas possible légalement de contredire une décision du président du CRPF . Une fois de plus dans une affaire de pédosexualité , on assiste à une véritable inversion des valeurs républicaines , sans que les autorités préfectorales ou ministérielles s' en émeuvent . En ce sens , le jeûne que Fabrice Torre et Michèle Chirat ont entamé mercredi , soutenus par l' intersyndicale FO-CGT-STC et la FDSEA de Haute-Corse , nous concerne toutes et tous . Plusieurs associations de protection de l' enfance se sont déjà solidarisées avec les deux grévistes de la faim .