_: Santé . Pourparlers entre les toubibs et le gouvernement . La mobilisation continue La première des quatre réunions de travail a réuni les deux principaux syndicats de médecins . La grogne n' est pas apaisée . Pour la première fois depuis plus de deux mois que dure le conflit , les deux syndicats de médecins généralistes , l' UNOF et MG France , se sont retrouvés , hier , autour de la même table . Après avoir boycotté les séances de négociations avec la caisse d' assurance maladie , rejeté l' accord national jugé " minable et minoritaire " , le premier syndicat des généralistes est venu " de façon symbolique " , pour marquer sa " désapprobation " . La réunion de concertation avec la ministre de l' Emploi , Élisabeth Guigou , et le ministre de la Santé , Bernard Kouchner , a aussi rassemblé l' UNESPE , syndicat de spécialistes , différentes organisations d' internes et le conseil de l' ordre des médecins . Les pourparlers , prévus après la signature par MG France d' un accord national , ont porté sur les conditions d' exercice des toubibs . Elle n' avait pas de caractère décisionnel . Trois autres réunions devraient suivre d' ici au 25 mars . Les ministres ont affiché la volonté du gouvernement de faire avancer le chantier de la rénovation des rapports conventionnels entre les caisses de la Sécurité sociale et les médecins . Depuis le premier Grenelle de la santé , en janvier 2000 , portant sur la place de la médecine de ville dans le système de soins , Élisabeth Guigou ne cesse de répéter son intention de substituer à la maîtrise comptable des dépenses de santé , dont l' échec est aujourd'hui évident , une " maîtrise médicalisée " , fondée sur un engagement réciproque des différends acteurs . Mais aucune des ordonnances du plan Juppé n' a été abrogée . Et le gouvernement doit aujourd'hui gérer un des plus puissants mouvements de médecins jamais connus . Depuis le 1er février , la consultation est passée à 18 , 5 euros . Mais les autres mesures déclinées dans le protocole national doivent trouver , selon le syndicat signataire MG France , une " mise en oeuvre sans délais " . Si l' UNOF a finalement décidé de ne pas pratiquer " la politique de la chaise vide " , ce syndicat continue de souligner qu' il ne " cautionnera pas cet accord qui est non seulement minoritaire mais aussi rejeté par 90 % de médecins " . Dans ce cadre , il n' entend pas lâcher sur sa principale revendication : la consultation à 20 euros , la visite à domicile à 30 euros . D' emblée , Élisabeth Guigou a annoncé hier que " tout n' est pas possible tout de suite " . Une fois de plus , ce mouvement de praticiens de santé , comme d' autres avant lui , se heurte à une politique qui , loin de partir des besoins de la population et des professionnels , est corsetée par les enveloppes budgétaires de la loi de finance de la Sécurité sociale . Résultats , la mobilisation continue . Elle prend même parfois des tournures inquiétantes puisque la pratique des " tarifs sauvages " à 20 euros la consultation continue de s' étendre dans nombre de départements . Ces médecins frondeurs sont sévèrement condamnés par la CNAM qui pourrait prendre la décision de les déconventionner . Le risque est grand de voir remis en cause le principe même de la politique conventionnelle . La fixation des tarifs est décidée par accord entre les syndicats et la CNAM , ce qui assure une égalité de prise en charge des malades . Dans une période électorale marquée par les attaques incessantes du MEDEF et des partis de droite contre la Sécurité sociale et la logique de solidarité de la protection sociale , le danger est réel que s' installe une médecine à deux vitesses . Dans sa pétition nationale , l' UNOF assure lutter pour " sauver " le système de santé français qui repose , pour la médecine de ville , sur la liberté de choix du praticien pour le malade , la liberté d' installation et de prescription pour le médecin , le paiement à l' acte . Soutenus par plus de 70 % de la population , selon différents sondages , les généralistes prévoient ce week-end d' organiser une nouvelle démonstration de force . L' UNOF appelle à une journée sans toubib vendredi prochain . La coordination nationale , créée le 2 février à partir de 58 départements , appelle à étendre ce mouvement tout le week-end , avec des consultations gratuites dans les lieux publics . Les spécialistes se sont joints au mouvement . Les dentistes , sous des formes différentes ( grève des gardes , grève des extractions ) , expriment le même malaise . Au-delà des honoraires , le malaise des toubibs exprime un ras-le-bol qui pourrait bien descendre avec fracas dans la rue le 10 mars , jour de manifestation nationale .