_: Éducation . " Comment marquer le coup ? " À la veille du bac , des enseignants grévistes du lycée la Colinière à Nantes ( 44 ) s' interrogent sur les résultats des discussions nationales et les suites de leur mouvement . Comme depuis plusieurs mois maintenant , la salle des professeurs s' emplit vers dix heures du matin . Au rez-de-chaussée du lycée de la Colinière , l' un des plus grands de l' Est nantais , le local ensoleillé sert aux assemblées générales des grévistes de l' établissement . Ce mercredi matin , cela commence doucettement . Une douzaine en début de réunion , une bonne vingtaine trois quarts d' heure plus tard . La veille , une assemblée générale départementale , à plus de six cents participants s' est tenue jusque fort tard dans la nuit . Il s' agissait de commenter l' issue de la réunion syndicats-gouvernement . Alors , les premiers arrivants commentent la presse . Le titre de une de Libération , " Sarko sauve le bac " , marque les esprits . " Il n' a jamais été question de boycotter le bac , il n' a jamais été menacé , lance l' un , mais de voir comment défendre notre droit de grève " . Une assistante sociale a écouté la radio et s' émeut du témoignage d' une consoeur qui , manifestement , a confondu un changement de statut " toujours dans le cadre de la fonction publique d' État avec les projets du gouvernement [ de décentralisation ] ; ça n' a rien à voir . " . Un enseignant met à jour le panneau d' information de la grève , à partir des informations collectées la veille . Puis , un quart d' heure plus tard , tous se retrouvent autour de la table et se mettent à lire les communiqués nationaux et locaux . Un silence religieux s' installe jusqu'à un éclat de rire lié à l' étonnement d' un nouvel arrivant devant pareille ambiance studieuse . Ils pointent le problème des personnels techniques , remis à 2005 , la question des assistants-éducateurs , entérinée par le gouvernement quand ils réclament le maintien des actuels aides-éducateurs et surtout des surveillants ; et toujours " la question des retraites , mise en marge " . La discussion se poursuit dans une ambiance tranquille mais pointe les difficultés auxquelles leur mouvement se trouve confronté . " Le gouvernement a indiqué qu' il n' y avait que 19 % de grévistes dans l' éducation , hier , pointe un prof de maths , mais ça ne veut rien dire puisque , avec les examens , nous n' avons plus cours ; c' est la participation aux manifestations qui est un bon indicateur " , estime -t-il , commentant les chiffres stables et élevés de participation à la journée de mardi . " Comment peut -on continuer à être dans l' action ? " interroge l' animateur de la réunion , Yves Trihoreau , professeur de philosophie . Le constat qui se dégage est que , vu la situation due au calendrier , et que la question des retraites se pose au plan interprofessionnel , il faut participer aux prochaines journées prévues dans ce cadre , dès ce jeudi . Soucieux de l' unité de leur mobilisation , la tenue du bac ne fait pas l' objet de vote . " Il n' est pas question d' aller s' enchaîner aux grilles pour empêcher les examens " . Alors faut -il corriger les copies ? Faut -il surveiller les épreuves ? Si certains estiment que ce serait irrespectueux à l' égard des élèves de noter arbitrairement toutes les copies à 15 / 20 , chacun a à juger en son âme et conscience de sa position . Mais , dit un enseignant " dès lors que les directions syndicales ne donnent pas de mot d' ordre sur ces points , cela risque de ne pas être massif donc je ne suis pas pour " . Alors " comment marquer le coup ? " s' interroge une philosophe . " Il faut faire un tract demain matin " à distribuer aux portes des centres d' examen . Il est bientôt onze heures . Un constat semble s' établir pour estimer que les problèmes spécifiques qui ont nourri leurs grèves et actions jusqu'à présent sont dépassés à ce stade par la question des retraites et donc du lien à établir , au jour le jour , avec les initiatives prises , aux plans national et départemental . Le débat à l' Assemblée va se poursuivre jusqu'au 14 juillet . La réunion de la Colinière s' achève . Les participants ne se séparent pas . Ils vont rejoindre leurs collègues des collèges et du primaire pour une assemblée de secteur de l' Est nantais . Non sans avoir décidé de participer à la manifestation intersyndicale , public , privé , de ce jeudi puis de se retrouver vendredi pour " voir comment passer le week-end " .