_: Patrice Alègre , un " pervers narcissique " , comme Guy Georges Les psychiatres , Michel Dubec et Daniel Zagury , vont rendre compte de leur expertise sur le tueur en série présumé ce matin devant la cour d' assises de Toulouse . " Je ne peux pas expliquer pourquoi j' ai tué Valérie ( Tariote , sa première victime en février 1989 - NDLR ) . ( ... ) Je regrette sa mort , mais je ne peux pas expliquer ce qui m' a poussé . Si je pouvais l' expliquer , je n' aurais pas recommencé . C' est ce que je pense profondément . " Ces propos , Patrice Alègre les a tenus en février 2000 aux experts psychiatres Michel Dubec et Daniel Zagury , chargés de l' examiner. & 194;& 183; son procès , qui s' est ouvert depuis le 11 février dernier , il ne dit pas autre chose . Aux " pourquoi ? " , l' accusé répond par des " je ne sais pas . " Aux " comment ? " , il livre des explications elliptiques au grand désespoir des familles des cinq victimes , qu' il reconnaît avoir violées et tuées entre 1989 et 1997 , et d' Émilie , qui a miraculeusement survécu . En mai 2000 , les deux psychiatres ont rendu leur expertise , dont ils vont rendre compte ce matin devant la cour d' assises de Toulouse . Avant Patrice Alègre , ils avaient déjà travaillé sur le cas de Guy Georges . Le profil psychologique qu' ils tracent de ces deux hommes regorge de similitudes , avec une même conclusion : ils sont des " pervers narcissiques " et un processus thérapeutique relève actuellement de la spéculation . Patrice Alègre appartient à la catégorie des tueurs en série psychopathes ( 75 % des cas ) , dépeints comme organisés , capables de dissimilation , de préparation . Il a mené " une existence effrénée , échevelée , ponctuée de violences , avec une instabilité affectivo-caractérielle majeure , une appétence pour l' alcool et les drogues " ( lire l' Humanité du 13 février ) . Comme " le tueur de l' Est parisien " , Patrice Alègre apparaît dépourvu " d' affects dépressifs " , il n' a jamais exprimé " de sentiment de détresse , de doute , de conflit , de perception d' une faille , d' une contradiction interne " . Selon les experts , " la traduction d' une revendication d' infaillibilité , d' indestructibilité , de toute-puissance , de négligence de toute référence à une conscience morale , conférée par l' organisation perverse narcissique " . Lorsqu' ils l' interrogent sur les faits , Patrice Alègre se heurte à " une sorte de mur interne " . Perplexe , il répète les mêmes phrases de manière stéréotypée . Il est conscient de l' horreur de ses actes , mais " d ' une manière intellectualisée " . Chez lui , comme chez les pervers narcissiques , il existe " des moments de bascule décisionnelle " à partir desquels desquels , se sentant " victime de souffrances injustes , il estime qu' il a désormais tous les droits , qu' il peut se les arroger , qu' il a déjà payé en quelque sorte " . L' absence de plaisir sexuel lors des viols est établie , ce qu' éprouverait Patrice Alègre , d' après les experts , se rapproche " du sentiment d' omnipotence , de toute-puissance , sur un autre chosifié totalement à sa merci " .