_: Pollution . " Nous ne maîtrisons pas définitivement la situation " Jérôme Erulin , capitaine de frégate , est officier de communication de la préfecture maritime de Brest . Il dresse un bilan d' étape des opérations menées en Espagne et depuis janvier en France . Comment expliquez -vous que , malgré les milliers de tonnes récupérées en mer , le risque de pollution soit toujours aussi présent ? Jérôme Erulin . L' explication est simple . Durant les six jours pendant lesquels le bateau a été déplacé au large de Galice , il a perdu quelques milliers de tonnes de pétrole . En un mois et demi , c' est ce pétrole qui peu à peu s' est transformé en petites plaques et boulettes pour arriver début janvier chez nous . Derrière , le naufrage a provoqué , lui , d' énormes nappes , dont la majeure partie s' est échouée en Espagne , mais dont une part importante a contourné le cap Ortegal , pour venir ensuite dans le golfe de Gascogne . C' est ce pétrole que l' on traite depuis fin janvier . À partir du 5 février , on a assisté à une nouvelle phase dans laquelle la pollution n' est plus projetée sur les côtes . Le ramassage en mer se poursuit cependant , mais pas dans des quantités importantes , car nous avons affaire maintenant à des déchets de nappes qui n' ont pas pu être traités auparavant . Quels sont les résultats de ce ramassage effectué au large ? Jérôme Erulin . Aujourd'hui , on continue à pêcher au rythme d' une centaine de tonnes par jour , plus de mille en Espagne , où la flottille de bateaux de pêche mobilisés est très importante . Depuis 4 - 5 jours , les bateaux sont sur un " gisement " qui est à 50 kilomètres au nord-ouest de Capbreton . Ces chiffres ne vont pas décroître dans l' immédiat . Globalement , quelle masse de pétrole avez -vous récupérée ? Jérôme Erulin . En tout , côté français , près de 5 000 tonnes ont été récupérées en comptabilisant notre intervention en Espagne avec l' Ailette et l' Alcyon et depuis que nous agissons dans le golfe de Gascogne . Au total , depuis le début , quelque 45 000 tonnes ont été ramassées . Évidemment , il ne s' agit pas de 45 000 tonnes de fioul , mais de produits polluants . Le pourcentage de fioul est de l' ordre de 35 à 40 % de ce tonnage total . Ce qui correspond à un ramassage de l' ordre de 15 000 tonnes de produit brut . Si l' on prend comme base les 77 000 tonnes de cargaison du Prestige , et l' évaluation de 37 500 qu' il resterait dans l' épave , c' est cohérent . Aujourd'hui , chez nous , on peut dire qu' il y a un recul dans les arrivages et un recul dans la pollution parvenant à proximité des côtes . On a de ce point de vue l' impression de mieux maîtriser le problème . Pourtant , selon les évaluations espagnoles , l' épave perdrait de 1 à 2 tonnes par jour ... Jérôme Erulin . Nous ne disposons d' aucune indication absolument certaine sur les fuites du bateau depuis le début . Aujourd'hui , ce qui est sûr , c' est que la pollution que nous traitons date du naufrage . On sait que ce jour -là ( le 19 novembre dernier - NDLR ) il y a plusieurs milliers de tonnes qui sont sorties brutalement du bateau . Cela a provoqué une énorme nappe , dont une partie s' est échouée en Espagne , l' autre étant entrée dans le golfe de Gascogne , mais avec des trajets abracadabrants tout en se fragmentant et se dispersant . Ce qu' il en reste paraît concentré au nord du Pays basque espagnol , ce qui nous met à la merci d' un coup de vent d' ouest . On est incapable de chiffrer l' importance de ce pétrole , qui maintient une menace évidente pour nos côtes . Nous ne maîtrisons donc pas définitivement la situation . Disons que nous sommes dans une phase de traitement , avec 34 bateaux réquisitionnés au Pays basque , 2 dans le bassin d' Arcachon et un système de vigilance et de surveillance mis en place tout le long des côtes de Gascogne . Ce dispositif mobilise énormément de moyens d' État : dans les 5 500 heures de mer effectuées pour l' instant , plusieurs centaines sont à l' actif de vedettes de la gendarmerie , des douanes et des affaires maritimes , qui patrouillent en mer dans la zone côtière . Tous les jours , du Finistère jusqu'à Saint-Jean-de-Luz , ces patrouilles ont lieu pour signaler tout ce qui pourrait être un indice de l' arrivée d' une plaque ou d' une nappe .