_: Retraites . À Ivry , parents et enseignants dans la même galère Dans certaines écoles en grève ou dans la rue , ils se retrouvent côte à côte . Reportage à l' école primaire Albert-Einstein d' Ivry-sur-Seine . Située en plein coeur de la ville , l' école primaire Albert-Einstein est l' un des deux établissements d' Île-de-France qui bénéficie du statut d' école ouverte , instauré en 1982 . Ici , tout est pensé , y compris l' architecture triangulaire de Jean Renaudie , pour que les temps de vie de l' enfant se complètent et participent pleinement à son éducation . L' école est ainsi rattachée géographiquement au centre de loisirs et fonctionne de façon permanente avec celui -ci . Depuis le 6 mai , l' établissement , qui compte 282 élèves , est en grève . La mobilisation est importante puisque la totalité des enseignants participent au mouvement . Fait plus rare , ceux -ci sont largement soutenus par les parents d' élèves qui ont pris l' initiative d' occuper les locaux et de se relayer pour assurer le fonctionnement administratif de l' école et l' encadrement des enfants . " Il n' y a pas classe mais chacun s' arrange pour prendre en charge les enfants dont les parents ne peuvent pas assurer la garde " , explique le directeur de l' école Philippe Thevenet , conforté par une jeune maman : " C' est important d' être solidaire et de développer une réaction unitaire . " La raison d' une telle mobilisation ? Le manque d' effectifs et de moyens , encore et toujours . À l' école élémentaire Einstein , le médecin scolaire fait cruellement défaut . Plus grave , l' établissement qui accueille cette année un enfant handicapé , réclame en vain depuis plus d' un an une assistante spécialisée . En attendant , les aides éducateurs , dont le statut a été fortement remis en cause en mars dernier , s' acquittent de cette tâche . " Si leurs postes sont supprimés et qu' ils ne sont pas remplacés , malheureusement je ne sais pas si nous serons en mesure d' accueillir cet élève à la rentrée prochaine " , souligne Philippe Thevenet . Mais c' est surtout la question de la décentralisation qui inquiète le plus parents d' élèves et enseignants . Pour Mme Bernadou , enseignante de classe préparatoire , l' enjeu aujourd'hui n' est plus simplement logistique , il s' agit de défendre " une certaine idée de l' école " . Isabelle Guénot , responsable FCPE , est heureuse d' être parvenue à créer une dynamique chez les familles , de plus en plus concernées par le mouvement . " Les enseignants n' ont pas le monopole de la grève . Et puis , il s' agit de l' avenir de nos enfants . Notre présence ici est à la fois un droit et un devoir . Notre action a d' autant plus de poids que nous ne sommes pas des employés mais des électeurs . Je suis souvent scandalisée de voir certains parents se reposer sur les professeurs . Nous sommes tous concernés et il est important de défendre l' école publique et le maintien pour tous d' un enseignement de qualité . " Ce que chacun rejette ici , c' est la régionalisation de l' éducation et les inégalités qui risquent d' en découler . " Un grand pas en arrière " que ni les enseignants , ni les parents d' élèves ne semblent prêts à accepter .