_: Après les effets d' annonce , ça bouge à La Poste Le bureau emblématique de La Poste à Paris était hier en grève . Et au siège social de l' entreprise , ce sont les " brigadiers " venus de tout l' Hexagone qui manifestaient . Quelques jours à peine après l' opération communication menée par la direction de La Poste quant au prochain remplacement de presque la moitié des effectifs de l' entreprise , la grève paralyse le plus important bureau de poste de l' Hexagone , celui du Louvre à Paris , et le siège de La Poste résonne des revendications des " brigadiers " - ceux qui remplacent les chefs d' établissement lors de leurs absences - venus de toute la France . Lundi matin , la poste de la rue du Louvre à Paris était fermée en raison d' un mouvement de grève " suivi à 100 % " par les personnels de guichets à l' appel des syndicats CGT , FO et SUD . En question : un projet de réorganisation du bureau prévoyant quatre suppressions de postes . " Les organisations syndicales ont été reçues par le chef d' établissement , qui leur a dit que ce n' était pas de son ressort " , indiquait SUD-PTT , tout en précisant que le préavis de grève était illimité . La CGT des Postaux de Paris affirmait de son côté : " Nous refusons le démantèlement de l' entité guichet et demandons le maintien des positions de cadres au guichet à la caisse , le remplacement systématique de tous les départs , le maintien de la philatélie dans l' entité guichet et par voie de conséquence de la position de chef d' équipe . " Si rue du Louvre , dans la capitale , rien ne bougeait , devant le siège de La Poste , à Boulogne-Billancourt ( 92 ) , plus de 400 personnes , à coup de cornes de brume et de mirlitons , faisaient le maximum pour se faire entendre de la direction . Dans la petite foule bruyante , coincée entre le bâtiment du siège de leur entreprise et celui de TF1 , on percevait tous les accents du pays : les manifestants , qui répondaient à l' appel de la CGT et de SUD , venaient de plus de cinquante départements différents . Un quart des 1 500 " brigadiers " que compte La Poste étaient là , inquiets à la fois de leur statut futur et de la " présence postale " en zone rurale surtout . Dans le cadre de la nouvelle déconcentration opérationnelle ( NDO ) , la séparation de La Poste en branches , la direction a la volonté de supprimer ces brigades et de créer deux nouvelles fonctions : chefs d' établissements remplaçant grand public et encadrant courrier , imposant une durée maximale de ce métier de quatre ans . Vouloir limiter le champ d' intervention des brigadiers sur un seul métier est dénoncé ici comme " complètement nul et totalement inefficace " . Alors que tous sont fiers de leur compétence professionnelle multimétiers et de leur polyvalence , ils ne comprennent absolument pas pourquoi La Poste , d' un côté , dit encourager cette polyvalence et là , justement , fait le contraire . L' inquiétude va bien au-delà de leur métier . Depuis des années , dénonce SUD-PTT , " les moyens de remplacement fondent comme neige au soleil ( plus de 600 suppressions d' emplois en 7 ans ) , ce qui génère des conséquences immédiates pour les usagers en zone rurale . La fermeture de bureaux de poste lors de l' absence du chef d' établissement devient monnaie courante , en particulier en période estivale " . Sous la proposition de la direction , " qui n' est pas un projet de professionnalisation des brigadiers " , la CGT voit se profiler un " processus d' externalisation " . Le syndicat ne fait là que refléter une opinion largement partagée dans la profession : 3 brigadiers sur 4 , malgré les pressions exercées par la hiérarchie , ont refusé cette " restructuration-liquidation " . Patrick Bourgeois , secrétaire général de la CGT-PTT , pouvait affirmer devant les manifestants que ce dossier était " l' exemple type d' une conception totalement archaïque du dialogue social ... consistant en l' adhésion forcée aux choix stratégiques ou alors à l' exclusion sans concession ... " Le dirigeant syndical avait beau jeu ensuite de brocarder " l' art du discours , à grand renfort médiatique " de la direction de La Poste , et de l' inviter à entendre les revendications des brigadiers - maintien de la brigade , réelle formation continue , évolution de carrière , revalorisation des indemnités de déplacement - et à " entamer sérieusement une négociation véritable " .