_: Formation professionnelle : désaccord patronat-syndicats Les organisations de salariés refusent qu' elle soit en partie assurée en dehors du temps de travail LA NÉGOCIATION sur la formation professionnelle , rouverte par les partenaires sociaux en décembre 2002 , s' est poursuivie , mercredi 18 juin , sur un mode laborieux . Le gouvernement , qui est décidé à présenter cet automne un projet de loi , suit de près des discussions patronat-syndicats dont l' un des enjeux est considérable : donner un contenu à l' idée de formation tout au long de la vie , inscrite dans le programme présidentiel de Jacques Chirac ; et préciser les contours du « passeport pour l' emploi » censé permettre à chaque salarié d' identifier ses capacités et ses aptitudes professionnelles . Lors de leur quatrième séance de négociation de l' année 2003 , les partenaires sociaux ont achevé l' examen du projet d' accord interprofessionnel présenté par la délégation patronale ( Medef , CGPME , UPA ) . Mais ils n' ont pas ouvert les chapitres les plus sensibles ( financement , formation hors du temps de travail ) , qui avaient fait achopper la négociation fin 2001 . Conscients de la lenteur de leur négociation , ils ont prévu une nouvelle séance de travail , le 17 juillet , en plus de celle déjà programmée le 3 juillet . « Nous ne souhaitons pas aller au-delà de cette date » , a indiqué Alain Sionneau , chef de la délégation patronale , qui a passablement déconcerté , mercredi , ses interlocuteurs syndicaux en restant flou sur les marges de manoeuvre politique qui sont les siennes . « Les choses n' avancent pas . Les questions de méthode sont en train de tuer le fond » , a déploré Annie Thomas ( CFDT ) , se plaignant de « n' avoir obtenu aucune réponse politique à [ ses ] questions » . « La délégation patronale semble avoir de grandes difficultés à trouver ses marques . J' en veux pour preuve , a -t-elle ajouté , le fait que M. Sionneau n' ait pas jugé bon de préciser , par écrit , les points sur lesquels le patronat accepte de bouger » . « Nombreuses divergences » Même son de cloche à la CFTC , dont le principal négociateur , Lionel Dubois , a relevé la persistance de « nombreuses divergences » et déploré le caractère « assez confus » de la déclaration orale du chef de la délégation patronale à la fin de la réunion de mercredi . « C' est une curieuse méthode » , a critiqué Maryse Dumas ( CGT ) . « Elle ne met pas de bonne humeur » , a ajouté le représentant de la CFE-CGC , Jean-Jacques Briouze . Seul Jean-Claude Quentin ( FO ) a estimé qu' on avait « senti la volonté du Medef d' aboutir à un accord » car « le patronat n' a pas les moyens d' avoir une stratégie d' échec » . Le principal point de désaccord entre le patronat et les syndicats , qui ont abordé ces discussions dans une certaine unité , concerne le temps de formation . De la CGT à la CFE-CGC , toutes les organisations syndicales dénoncent unanimement une proposition patronale qui prévoit un contingent annuel de 140 heures de formation , en plus du quota autorisé de 180 heures supplémentaires . Ces 140 heures se feraient en dehors du temps de travail , mais le salarié qui les effectuerait ne pourrait pas les refuser à son employeur et il ne serait pas rémunéré en heures supplémentaires . « C' est une provocation » , s' est exclamé M. Briouze ( CFE-CGC ) , ajoutant que le patronat « réglait encore des comptes avec l' histoire des 35 heures » . Les syndicats paraissent décidés à essayer de faire , sur ce point , « une contre-proposition à cinq » . Dans sa forme actuelle , qui est susceptible d' évoluer d' ici au 17 juillet , le projet d' accord définit la formation tout au long de la vie . Il prévoit la possibilité d' un entretien professionnel , tous les deux ans , pour les personnes ayant au moins deux ans d' ancienneté dans la même entreprise ainsi que celle d' un bilan de compétences pour les seniors . Il précise le contenu du « passeport pour l' emploi » - utilisé « à la seule initiative du salarié » , selon des précisions apportées , mercredi , par M. Sionneau - et insiste sur l' importance de la validation des acquis de l' expérience . Le texte crée aussi un contrat de professionnalisation , qui élargit la formation en alternance à de nouveaux publics ( chômeurs , salariés âgés ) , et affirme le principe d' un « droit individuel à la formation » . Autant de dispositions que le Medef cherche à faire adopter sans augmentation - sauf pour les entreprises artisanales - de la contribution patronale à la formation professionnelle ( 1 , 5 % de la masse salariale ) . Au grand dam des syndicats .