_: SANTE PUBLIQUE . Canicule : M. Abenhaïm démissionne , la controverse continue Mis en cause par le ministre de la santé , qui lui reproche de l' avoir tardivement alerté , le directeur général de la santé a quitté ses fonctions , lundi 18 août . L' opposition le présente comme un « bouc émissaire » La controverse sur la gestion des effets de la canicule par le gouvernement s' est poursuivie , lundi 18 août , après la DÉMISSION de Lucien Abenhaïm , directeur général de la santé . Mis en cause par le ministre de la santé , Jean-François Mattei , qui affirmait lundi ne pas avoir eu « LES INFORMATIONS ET LES ALERTES qu ' [ il ] aurait dû avoir » , M. Abenhaïm explique dans un entretien au Monde , que « toutes les informations que la direction générale de la santé a reçues ont ÉTÉ TRANSMISES au cabinet du ministre » . « Il ne semble pas , d' après les élements dont je dispose , que l' on puisse incriminer dans ces nombreux décès une défaillance du système de soins. » Pour François Hollande , premier secrétaire du PS , M. Abenhaïm est un « bouc émissaire donné à l' opinion » . « La responsabilité est FORCÉMENT POLITIQUE » , a -t-il déclaré sur TF1 . LA DÉMISSION du directeur général de la santé , Lucien Abenhaïm , relance plus qu' elle ne l' endigue la controverse sur la gestion des conséquences de la canicule par le gouvernement et les autorités sanitaires . Publiquement mis en cause par le ministre de la santé , Jean-François Mattei , le professeur Abenhaïm , qui était en fonction depuis 1999 , a expliqué son départ , lundi 18 août en début d' après-midi , par la volonté de « pouvoir expliquer sereinement l' action des services » qu' il dirigeait « devant les polémiques actuelles sur la gestion de l' épidémie » liée à la vague de chaleur - qui pourrait , selon des estimations qualifiées de « plausibles » par M. Mattei , avoir causé jusqu'à 5 000 morts . Répondant aux critiques de l' opposition , M. Mattei avait affirmé , quelques heures plus tôt sur RTL : « Nous n' avons pas eu les informations et les alertes que nous aurions dû avoir » . Invoquant la responsabilité de la direction générale de la santé ( DGS ) , le ministre expliquait que « le lundi 11 [ août ] , alors que ( ... ) à l' Assistance publique , on déclenchait le plan d' action « chaleur extrême » , on [ lui ] indiquait que la situation était maîtrisée » ( Le Monde du 19 août ) . Décidé à repousser les critiques , M. Abenhaïm a multiplié les démentis , précisions et justifications , s' exprimant sur plusieurs chaînes de radio et de télévision , et accordant des entretiens à plusieurs quotidiens , publiés dans leurs éditions du mardi 19 août . « Polémique politicienne » Interrogé par Le Monde , il revient sur les raisons de sa démission et sur la chronologie de la mobilisation des services sanitaires . Déplorant une « polémique politicienne » , il certifie avoir transmis à M. Mattei « toutes les informations que la DGS a reçues » . Y a -t-il eu , dès lors , une déperdition de l' information au sein de l' administration de la santé ? Une mauvaise appréciation des éléments connus au niveau gouvernemental ? Tout indique désormais qu' après les premières alertes , lancées les 7 et 8 août , les autorités n' ont pris conscience de l' ampleur de la surmortalité due à la chaleur qu' entre le 11 et le 12 août . Le 11 août , un plan de mobilisation des hôpitaux était déclenché , mais en Ile-de-France seulement - où la situation était , de fait , la plus alarmante . Le « plan blanc » a ensuite été actionné le 13 au soir - toujours en Ile-de-France - puis étendu par le gouvernement le lendemain à l' ensemble du pays . « Je n' ai pas le sentiment d' avoir failli » , déclare au Monde M. Mattei . Le ministre a toutefois dû admettre , pour la première fois , des carences dans le dispositif sanitaire mis en oeuvre face à la canicule , après l' avoir contesté à de multiples reprises , conformément à l' ensemble du gouvernement . « Je réfute toute idée de dysfonctionnement des rouages de l' Etat » , martelait encore Jean-Pierre Raffarin dans Le Journal du dimanche du 17 août . « Une carence » Déterminé à repousser les attaques de l' opposition , qui lui reproche depuis dix jours d' avoir tardé à prendre la mesure de l' épidémie , le premier ministre s' efforce désormais de reprendre l' initiative . Après avoir mis un terme définitif à ses vacances en Haute-Savoie - qu' il avait interrompues le 14 août pour présider une réunion de crise à l' Hôtel Matignon - , M. Raffarin a préparé un « plan de riposte » , selon l' expression d' un de ses conseillers . Dans la communication qu' il doit prononcer devant le conseil des ministres de rentrée , jeudi 21 août , il tirera un premier bilan de la canicule , et devrait ouvrir la voie à des « réorganisations » . « J' ai demandé au ministre de la santé d' évaluer notre système d' alerte » , déclare ainsi M. Raffarin dans Le Figaro du 19 août , indiquant qu' il attend les conclusions de cette étude « dans les prochaines heures » . « La vraie question est celle de notre système d' alerte , estime -t-il . Je voudrais être sûr que nous ayons été alertés dans les conditions les meilleures. » Ces propos visent à l' évidence non seulement M. Abenhaïm et la DGS , mais aussi l' institut national de veille sanitaire ( InVS ) , dont le directeur , Gilles Brucker , a admis « une carence » , expliquant que l' INVS « ne dispose pas d' un système permanent de collecte d' informations sur les données sanitaires liées aux variations climatiques » . Dans Le Figaro , M. Raffarin juge ces explications « assez ambiguës et bien peu précises » . A l' adresse de l' opposition , où l' on qualifie M. Abenhaïm de « bouc émissaire » , M. Raffarin a répondu : « Le problème n' était pas qu' il manquait des ministres à Paris , mais du personnel dans les hôpitaux » . « C' est M. Raffarin qui est léger et irresponsable » , a déclaré , mardi , Jean-Marie Le Pen . « On ne peut pas faire porter la responsabilité sur une administration » , a estimé , pour sa part , la secrétaire nationale du PCF , Marie-George Buffet , faisant écho au premier secrétaire du PS , François Hollande , qui juge que « la responsabilité est forcément politique » .