_: La reprise ne sera pas au rendez -vous du second semestre 2002 Nous vivons une situation très incertaine , une période de crise , mais nous y faisons face , déclare au Monde Jean-Pierre Raffarin , ajoutant : La croissance de 2003 sera supérieure à celle de 200218 économistes prévoient 1 , 2 % cette année et 2 , 4 % l' an prochain . L' investissement et l' emploi sont en panne L' activité économique devrait nettement ralentir au second semestre . Interrogé par Le Monde , mercredi 18 septembre , Jean-Pierre Raffarin juge que les circonstances sont difficiles et que nous vivons une situation très incertaine , une période de crise . Le premier ministre estime cependant que la croissance de 2003 sera supérieure à celle de 2002 . Dix-huit économistes français , interrogés en septembre par la revue britannique Consensus Forecasts , ont revu leurs prévisions de croissance à la baisse pour 2002 ( 1 , 2 % au lieu de 1 , 3 % ) et 2003 ( 2 , 4 % au lieu de 2 , 7 % ) . La France n' a créé aucun emploi au premier semestre , l' investissement est en panne et la production a reculé de 1 % en juillet . Christian de Boissieu , professeur à Paris-I , prévoit un redémarrage en 2003 aux Etats-Unis , puis dans les pays européens . L' OPTIMISME relatif des économistes s' émousse depuis le début de l' été . Une série de mauvais chiffres vient d' être rendue publique , qui éloigne davantage les perspectives de reprise et accrédite l' idée d' un chômage accru dans les mois qui viennent . Jean-Pierre Raffarin et son ministre de l' économie et des finances , Francis Mer , ne pouvaient guère imaginer pire scénario à moins d' une semaine de la présentation , en conseil des ministres , du premier budget de la législature , qui s' est révélé particulièrement difficile à boucler en raison de l' envolée des dépenses et de la diminution prévisible des recettes . Nous vivons une situation très incertaine , une période de crise . Mais nous y faisons face . Nous avons anticipé sur les mauvais résultats et la croissance de 2003 sera , de toute façon , supérieure à celle de 2002 . Notre politique vise à relancer l' offre et la demande . Quant à la lutte pour l' emploi , elle est notre priorité , a confié au Monde , mercredi 18 septembre , le premier ministre . La première mauvaise nouvelle économique de la semaine était tombée dans la matinée , avec l' annonce par l' Insee du recul de 1 % de la production manufacturière en juillet . Ce repli laisse présager un ralentissement plus marqué de l' activité industrielle au second semestre : la sortie du tunnel se fait donc attendre . Quelques heures plus tard , l' AFP indiquait que les 18 économistes français interrogés , en septembre , par la revue britannique Consensus Forecasts avaient révisé à la baisse leurs hypothèses de croissance et tablaient en moyenne , sur une progression du PIB français de 1 , 2 % cette année et de 2 , 4 % pour 2003 , contre + 1 , 3 % et + 2 , 7 % un mois plus tôt . La revue a , certes , nuancé son diagnostic en insistant sur le fait que la France se trouvait dans une situation plutôt moins mauvaise que ses voisins européens . Toutefois , malgré cette relative bonne tenue de la croissance dans l' Hexagone , la plupart des conjoncturistes s' attendent à une décélération . Nicolas Sobczak , économiste chez Goldman Sachs , parle de déception pour la fin d' année , mais précise que son scénario central , autour d' une croissance de 2 % en 2003 , n' est pas celui d' une deuxième phase de récession avec une chute de la consommation . Laure Maillard ( CDC Ixis Capital Markets ) , dès le 4 septembre , dans la revue Flash parle de reprise avortée . Alors que début 2002 , tout militait en faveur d' une reprise de la croissance économique dès le second semestre , les derniers indicateurs disponibles suggèrent que celle -ci n' interviendrait pas avant mi-2003 , écrivait -elle . Entre autres facteurs expliquant ce retournement , l' économiste pointe une dégradation sans précédents de la profitabilité des entreprises , qui est revenue aux niveaux de 1982 . Et retient les effets néfastes d' un euro fort sur le commerce extérieur français . Elle souligne l' assombrissement des perspectives extérieures notamment aux Etats-Unis , mais surtout en Allemagne . Le premier partenaire commercial de la France fait face , en effet , au plus fort ralentissement de sa demande interne depuis la réunification . Jean- Claude Betbèze , directeur des études économiques et financières du Crédit lyonnais , voit dans la quasi stagnation de l' économie allemande le signe d' une crise presque structurelle . A ses yeux , les incertitudes géopolitiques , en particulier sur l' Irak , et la persistance du marasme financier américain participent de la détérioration générale d' un climat des affaires mondialisé . La production industrielle et les Bourses évoluent parallèlement . Les économies des pays industrialisés n' ont jamais été aussi synchrones , analyse M. Betbèze , qui décèle une autre nouveauté : Les entreprises françaises avaient été prises de court par le ralentissement de 1992 . Ce qui est nouveau , aujourd'hui , c' est leur grande prudence . Elles ne veulent pas se mettre en risque . Elles décélèrent , déstockent et révisent leurs prévisions d' investissement . LES FAILLITES AUGMENTENT La convergence des analyses ne laisse pas de place au doute : les questions de l' emploi et du chômage vont demeurer au premier plan de l' actualité économique et sociale des prochains mois . L' emploi salarié a d' ores et déjà accusé , au deuxième trimestre 2002 , une stagnation . Les faillites de PME augmentent . A moins de 2 , 5 % de croissance , l' économie française détruit des emplois . Le chômage , en hausse depuis près de 14 mois , devrait donc augmenter dans les prochains mois . Nombre d' économistes doutent , toutefois , que la politique gouvernementale puisse continuer d' enrichir la croissance française en emplois . Le patronat , pour sa part , est persuadé que l' harmonisation par le haut des multiples smic va accélérer les destructions d' emploi peu ou pas qualifiés . Seule certitude : la question de l' insertion ou du retour à l' emploi des publics réputés difficiles ( jeunes sortis sans qualification du système scolaire , chômeurs de longue et de très longue durée ) va se poser avec une acuité particulière . Ne serait -ce que parce que le gouvernement réfléchit à des coupes claires dans les emplois aidés . Sous réserve d' ultimes arbitrages budgétaires , il envisageait de faire passer de 260 000 à 75 000 le nombre d' entrées en contrat emploi solidarité ( CES ) et en contrat emploi consolidé ( CEC ) en 2003 .