_: Les amis de José Bové sont prêts à se mobiliser pour obtenir une grâce présidentielle La Cour de cassation devait statuer , mardi , sur sa condamnation en appel à 14 mois de prison ferme CETTE fois , la Confédération paysanne se prépare au pire . C' est à 14 heures , mardi 19 novembre , que la Cour de cassation doit rendre son arrêt sur le verdict de la cour d' appel de Montpellier , qui avait condamné José Bové à quatorze mois de prison ferme , pour une opération de destruction de plants de riz transgénique en juin 1999 . Alors qu' en première instance , le tribunal correctionnel de Montpellier avait prononcé une peine de dix mois avec sursis , la juridiction d' appel a conclu à six mois d' emprisonnement ferme , auxquels s' ajoute la révocation d' un sursis de huit mois prononcé pour une autre affaire de destruction d' OGM à Agen . Vu le réquisitoire de l' avocat général , qui a conclu au rejet du pourvoi , on est plutôt inquiets , indique Jean-Emile Sanchez , l' un des porte-parole du syndicat paysan . Le signal envoyé par ce réquisitoire n' est clairement pas bon , confirme Me François Roux , avocat de José Bové , mais aussi de René Riesel et Dominique Soullier , également condamnés dans cette affaire . Dès lors , plus question de se faire avoir comme en juin , résume M. Sanchez . La Conf et ses soutiens avaient , en effet , été pris de court par l' incarcération de 44 jours de M. Bové pour le démontage du chantier de Mc Donald's de Millau . On pensait que ces faits seraient amnistiés , soupire M. Sanchez . Cette fois , d' Attac au groupe des dix ( union syndicale qui regroupe notamment les SUD ) , tous les amis ont été réquisitionnés . Une grande campagne de cartes-pétition demandant au président de la République d' exercer son droit de grâce est prête à démarrer . Chaque section départementale de la Confédération paysanne doit tenir une conférence de presse dès la tombée de l' arrêt . Et le syndicat a déjà récolté la signature de 850 maires - ruraux pour la plupart - s' opposant à l' incarcération de M. Bové . Ils sont d' accord pour former une délégation qui demanderait à être reçu par Chirac , indique M. Sanchez . La liste complète de ces élus devrait être publiée par Le Monde diplomatique dans son numéro de décembre . Par ailleurs , la Confédération va appeler l' ensemble des organisations politiques et syndicales à appuyer la demande de grâce . Et Me Roux entend retourner devant la cour d' appel de Montpellier pour y déposer une requête en non-révocation du sursis . Pour l' avocat de José Bové , la justice a amené le leader paysan à payer de sa personne au-delà du convenable . Il souligne que la désobéissance civile telle qu' il la pratique est de l' ordre du symbolique . Or la justice ne répond pas au symbole par le symbole . Quatorze mois de prison ferme pour un dirigeant syndical agissant dans le cadre d' une action collective , cela ne s' est pas vu depuis la guerre . Dès lors , estime Me Roux , José doit se préserver . Ce n' est pas la peine qu' il accumule sur lui des mois de prison . Il peut continuer son combat par d' autres moyens . Mais sur le type d' actions qu' il a menées , il faut , comme cela était le cas avec le mouvement des objecteurs de conscience , que d' autres militants prennent désormais le relais . TOURNANT TACTIQUE Ce constat est partagé à la Confédération paysanne depuis plusieurs mois . Certains responsables s' en étaient ouverts , avant l' été , à M. Bové , jugeant excessive la polarisation sur sa personne et casse-gueule sa décision de ne pas accepter les aménagements de peine proposés pour l' affaire du McDo de Millau . En face de nous , nous avons des gens qui sont dans l' optique de casser les leaders . C' est vrai que des militants comme Bové ou moi , qui ont des sursis , ne doivent plus être en première ligne . Il faut élargir . De toute façon , le mouvement ne se résume pas à une dizaine de personnes , indique Jean-Emile Sanchez , confirmant ainsi le tournant tactique du syndicat paysan .