_: Chirac dépêche ses ministres pour retisser les liens européens Le chef de l' Etat parie sur « un rebond » de l' Europe à la faveur de la crise actuelle . Jean-Pierre Raffarin engage les membres de son gouvernement à multiplier les contacts avec leurs homologues des Quinze . L' UMP s' apprête à envoyer des parlementaires dans tous les pays de l' UnionMercredi 26 mars 2003 - déjeune avec des députés de la majorité - répercussions du conflit irakien en France - une page Divisée sur la question de la guerre en irak , l' Europe est l' objet des attentions du président de la République , du premier ministre et des parlementaires de l' UMP . S' exprimant , mercredi 26 mars , à l' occasion d' un déjeuner devant des députés de la majorité , Jacques Chirac s' est dit persuadé que la construction européenne va connaître « un rebond » . De son côté , Jean-Pierre Raffarin a invité ses ministres à profiter de tous leurs contacts pour retisser le lien européen . De son côté , l' UMP s' apprête à dépêcher des parlementaires dans quatorze pays européens . Toutefois , des divisions surgissent au sein du Parti populaire européen ( PPE ) , qui réunit au Parlement de Strasbourg les élus de droite non souverainistes . Chez les socialistes , le débat sur l' Europe creuse des divergences profondes entre les courants . MOBILISATION générale pour l' Europe . Inquiet des répercussions de la guerre en Irak sur la construction européenne , l' Elysée , Matignon et la majorité multiplient initiatives et ambassades . Recevant à déjeuner une vingtaine de députés de l' UMP , mercredi 26 mars à l' Elysée , Jacques Chirac a saisi l' occasion d' afficher , une nouvelle fois , sa « confiance » dans l' avenir , se déclarant persuadé que la crise actuelle offrirait à l' Europe la possibilité d' un prochain « rebond » . Pierre Lequillier , président de la délégation européenne à l' Assemblée , avait auparavant expliqué en détail au chef de l' Etat que les parlementaires européens - notamment espagnols et italiens - soutiennent la position française , qu' ils jugeraient « politiquement et moralement juste » . Semblables propos ont dû conforter le sentiment du président , qui avait indiqué , le 10 mars à la télévision : « L' Europe trouvera , dans ses remords de ne pas avoir pu concevoir une position unique , une force nouvelle. » En attendant , c' est à Jean-Pierre Raffarin et à ses ministres que revient la mission de concrétiser la perspective optimiste dessinée par M. Chirac . Tâche difficile , d' autant que nombre de membres du gouvernement expriment à mots couverts leurs craintes que les relations avec les partenaires européens soient durablement compromises par la position adoptée par la France dans la crise irakienne . Qualifié d' « européen convaincu » par l' un de ses ministres , M. Raffarin éprouve , selon le même , une « inquiétude sincère » : « Son premier travail est de colmater les brèches et de ne pas laisser se développer des séquelles insurmontables. » « Ce n' est pas un rôle de composition » , confirme -t-on à Matignon . Le premier ministre , de fait , n' a pas attendu le déclenchement des frappes américaines pour s' efforcer de recoller les morceaux . « N' acceptons pas que l' Irak tue l' Europe , n' acceptons pas que Bagdad puisse sacrifier Strasbourg » , avait lancé M. Raffarin , le 7 mars , lors d' un déplacement à Avignon ( Le Monde du 10 mars ) . L' heure de la reconquête européenne a ensuite sonné le 20 mars , lors de la réunion de ministres convoquée par le chef de l' Etat immédiatement après les premiers bombardements américains sur Bagdad . « Soyons vigilants et ne laissons pas la situation se détériorer par incompréhension » , avait alors déclaré M. Raffarin , en demandant aux membres de son gouvernement de « prendre contact avec [ leurs ] homologues européens dès que possible , que leurs pays appartiennent déjà à l' Union européenne ou qu' ils fassent partie des nouveaux entrants , pour continuer le travail d' explication de la politique de la France » . En marge de ce message officiel , le premier ministre a demandé à chacun de profiter de ses relations internationales et des sommets prévus dans le calendrier européen pour s' efforcer de limiter la casse . Priorité a été donnée aux adversaires de la position française . Dans les jours qui ont suivi , M. Raffarin s' est lui-même entretenu par téléphone à plusieurs reprises avec son homologue britannique , Tony Blair , ainsi qu' avec le chef du gouvernement espagnol , José Maria Aznar , et le président du conseil italien , Silvio Berlusconi . Les ministres se muent eux aussi en ambassadeurs . Nicolas Sarkozy devrait se rendre , vendredi , à Saint-Etienne pour prendre part à une réunion du Parti populaire européen ( PPE ) - qui réunit les élus des partis de droite non souverainistes au Parlement européen . « Europe des citoyens » La ministre déléguée aux affaires européennes , Noëlle Lenoir , qui a animé , le 21 mars à Saint-Etienne et à Roanne , des « Rencontres pour l' Europe » en compagnie de son homologue espagnol , sera en Lettonie , le 3 avril , aux côtés , cette fois , de son homologue britannique . Le secrétaire d' Etat à la réforme de l' Etat , Henri Plagnol , a été chaudement encouragé par le Quai d' Orsay à maintenir un déplacement en Italie , qu' il se disait prêt à annuler . Le ministre ( UDF ) de l' équipement , Gilles de Robien , doit participer à un sommet européen , les 27 et 28 mars à Bruxelles - pour s' y montrer , dit -il , « le plus consensuel possible » . La stratégie mise en place s' appuie aussi sur un resserrement des liens entre parlementaires . Le porte-parole de l' UMP , Renaud Donnedieu de Vabres , qui a rencontré , à Paris , Peter Mandelson , l' un des plus proches conseillers de M. Blair , a annoncé que des parlementaires issus des rangs chiraquiens s' apprêtent à sillonner l' Europe pour nouer des contacts avec leurs homologues . A en croire M. Donnedieu de Vabres , les élus , d' où qu' ils viennent , seraient « naturellement » enclins à refléter l' émergence de cette « Europe des citoyens » - l' expression est d' Alain Juppé - qui manifeste actuellement contre la guerre . Cette mobilisation ne suffit pourtant pas à apaiser les inquiétudes qui s' expriment dans les rangs de la droite française . « Tant que le conflit est en cours , le message européen ne peut pas avancer » , reconnaît -on à Matignon . Du coup , chacun prend le temps de « gamberger » sur l' avenir d' une Union européenne dont même les contours sont volontiers remis en question . Le président de l' UDF , François Bayrou , a récemment affirmé qu' il fallait « changer d' Europe » ( Le Monde du 25 mars ) . « L' Europe , qui a subi une secousse profonde , doit procéder à une réflexion de fond » , a estimé , mardi , le président du groupe UMP de l' Assemblée nationale , Jacques Barrot . Le même jour , le rapporteur général du budget au Sénat , Philippe Marini ( UMP ) , proposait carrément de retarder d' un an l' élargissement . Patrick Ollier , conseiller politique de l' UMP , juge lui aussi « nécessaire d' approfondir la réflexion sur l' élargissement » et propose d' « affirmer le rôle d' un noyau dur de six nations » . Le président ( UMP ) de la commission des finances de l' Assemblée nationale , Pierre Méhaignerie , n' écarte pas tout à fait le « scénario périlleux » d' un « arc atlantique composé de la de la Grande-Bretagne , de l' Espagne et des nouveaux pays adhérents , contre l' axe franco-allemand » . Thierry Mariani , député ( UMP ) de Vaucluse , ouvertement souverainiste , se dit , lui , « favorable à un axe Paris-Berlin-Moscou , seul capable de faire contrepoids à la puissance américaine » ...