PRI-PSO-3

le locuteur raconte quelques épisodes marquants de sa carrière professionnelle dans une banque
(CRFP)

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Corpus CRFP

Métadonnées : general

Métadonnées : locuteur L1

Texte et audio

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L1:

j' étais en vacances un mois d' août euh j' avais donc c' était en soixante je dis pas de bêtises en cinquante en dix-neuf cent cinquante j' avais donc dix-sept ans euh j' avais laissé mes coordonnées à une copine de stage euh qui m' a envoyé un un télex ou un fax disant euh NNAAMMEE euh il y a un job intéressant c' est dans la banque je sais que tu veux pas travailler dans la banque la finance parce que tu estimes que la la finance euh s-~ les banquiers sont tous des voleurs mais néanmoins il y a il y a un job intéressant il y a il y a des il y a cré-~ il y a un cr la création d' un poste et puis c' est une affaire qui euh euh vient de se remonter et euh moi je serais content que tu viennes travailler dans notre équipe elle-même était euh admise depuis peu comme secrétaire générale et en avait fait part donc euh au au président de cette banque que je ne citerai pas par discrétion donc je suis monté sur Paris euh j' ai écourté mes vacances dans la famille sur la sur Marseille et on m' a testé pendant une heure le patron était euh d' origine juive pour tout dire la banque avait été fermée pour des raisons que l' on que que l' on peut comprendre pendant la dernière guerre mondiale et euh il s' est dit ah ben vous êtes d' origine étrangère je sais que les arméniens dont vous êtes originaire sont courageux travailleurs sérieux je dis je dis ben pui~ puisque vous le dites euh c' est que ça doit être vrai et puis voilà que il prend la décision au bout d' une heure de de conversation bon ben je vous prends pour euh je vous embauche dès demain ce rendez-vous avait lieu un lundi matin à dix heures j' étais donc appelé à sortir du bureau du président et juste avant de sortir je lui dis mais on n' a pas discuté de salaire votre salaire sera le mien je dis mais il est fou ce ce président il il il il me il me connaît ni d' Adam ni d' Eve et il veut m' engager euh au vu de mon mon physique ah j' étais bien habillé et au vu de mon physique et puis euh mais alors je lui dis là je lui dis mais je voudrais quand même savoir euh euh je vous demande pas des millions mais je voudrais savoir ce que je vais gagner et là il m' avance un salaire je je je disais rien mais j' ex je n' ai même pas extériorisé ma joie mais c' était au delà de mes espérances c' était largement au-dessus de j-~ on n' appelait pas ça le SMIG mais je sais plus comment on l' appelait le minimum vital autrement dit et donc j' ai commencé le le lendemain travailler et pendant trois mois euh à ma grande surprise j' ai eu la patience de faire du classement ce dont pour lequel je n' étais pas appelé et puis au bout de trois mois euh je frappe à la porte de du président je lui dis mais moi j' ai pas une formation euh à faire du classement si vous voulez que j' évolue moi je le souhaite en tout cas euh mais euh dans notre contrat euh tacite et moral il était prévu autre chose eh ben je vous attendais me me dit le président je j' attendais votre réaction vous avez eu beaucoup de patience eh bien euh mettez-vous à la comptabilité vous allez voir le le chef caissier là-bas il y avait quatre personnes dans cette banque il y avait un caissier on l' appelait le chef caissier il y avait une secrétaire copine de stage il y avait un directeur commercial le président et moi je faisais le cinquième personnage je vais pas euh vous raconter euh le le tout le parcours que j' ai pu effectuer euh dans cette banque qui a énormément évolué euh au cours des décennies euh euh c' était une banque déjà qui était presque centenaire qui était dirigée par des oncles et le père de ce président euh qui qui en avait des origines juives belges qui en avait créé une banque en Belgique qui en avait créé cette banque en France mais comme les allemands occupaient Paris euh s il en avait mis euh pff entre guillemets sous séquestre pour ne pas euh s qu' il en soit euh pris et donc me voilà sur la voie euh d' un travail de comptable et puis euh avec des prises de contact avec la clientèle euh parce que je ne me voyais pas comme scribouillard derrière un bureau euh je dé-~ je décrochais le téléphone sans rien dire à personne quand il y avait des appels euh j' avais donc des contacts et il s' est avéré qu' au cours de certaines conversations avec une grande banque qui est la Caisse de Dépôt et de Consignation euh qui était la plus grande banque d' Europe à l' époque ou l' une des plus grandes banques euh il m' est venu-~ une idée euh euh qui a permis à la banque euh de développer une activité euh qui était la suivante à savoir la négociation le nantissement des bons de la Caisse autonome de la reconstruction euh qu' est-ce que cela veut dire pendant la dernière guerre il y a eu de nombreux sinistrés des villes qui ont été bombardées telles que Le Havre le euh Rouen pour ne citer que ces deux grandes villes de Normandie toute la côte ouest pendant le débarquement notamment et euh d' autres quartiers d' autres grandes villes de France avaient été bombardés par les allemands les américains les anglais même et donc il y avait des des des villes entières qui étaient sinistrées il fallait reconstruire et euh ré~ euh urbaniser euh ces villes et donc cette idée euh de négocier ces bons de la Caisse autonome de la reconstruction pour reconstruire ces villes euh s' est faite de la manière suivante il fallait de l' argent c' était la grande question que je me posais où trouver cet argent c' était la deuxième grande question et euh au fil des contacts il s' est avéré que nous avions dans la clientèle de la banque des très grandes compagnies d' assurance des mutuelles d' assurance et des caisses de retraite qui sont les plus grosses sociétés de capitalisation c' est-à-dire les sociétés qui détiennent les les les plus grands capitaux euh en France et qui détiennent pratiquement tout le système économique et financier je me suis adressé à eux ils étaient d' accord donc pour prêter de l' argent à ces villes à condition qu' il y ait en gage une garantie un gage et cette garantie ce gage était donné par la municipalité qui était concernée en deux mots la ville empruntait à une compagnie d' assurance et s' engageait à lui rembourser les annuités les annuités c' est-à-dire le montant de l' amortissement annuel de la dette et c' était des prêts qui pouvaient durer dix ans quinze ans c' est comme ça que pendant euh des années euh des grandes villes provinciales euh ont pu se reconstruire voilà déjà une grande idée de développement euh euh pour la banque qui prenait une commission au passage il y a eu donc c-~ dans ce parcours professionnel deux ou trois autres idées que j' ai pu amener et bien sûr j' ai pris du grade j' ai été nommé comme le plus jeune fondé de pouvoir en soixante-treize de banque avec signature accréditée chez le notaire et à la banque de France ma grande joie c' était mon premier pas euh l' un de mes premiers pas de réussite professionnelle et il y a eu par la suite d' autres idées de s négociation de prêts aux collectivités locales c' est-à-dire des prêts directs aux municipalités pour divers travaux de d' éclairage public et caetera et une troisième grande idée en fin de compte euh au moment de la paix de la guerre d' Algérie les les pieds-noirs comme on les appelle encore au jour d' aujourd' hui avaient été indemnisés par des bons du Trésor c' est-à-dire des bons qui étaient émis par le Trésor français et qui garantissaient à ces pieds-noirs une indemnité lors de leur retour en France en provenance d' Algérie euh c' était un un accord euh qui avait été conclu avec les des grandes associations de pieds-noirs je sais plus comment elles s' appellent et le Ministère euh c' était les Anciens Combattants je crois qui étaient euh non le Trésor pardon qui avait euh contribué donc à la délivrance de ces bons du Trésor donc il y a eu des négociations sur ces bons Tré-~ du Trésor et ça nous a permis également de de gagner quelques sous la banque a évolué pendant plusieurs décennies et euh le la dernière grande activité que nous ayons eue euh moi en tout cas en tant que après euh ces trois activités en tant que directeur central donc le deuxième ou le troisième personnage de la banque euh malgré euh un un simple brevet euh de de primaire et un diplôme de comptable euh a eu euh quand même un bon réflexe j' ai un ami bien sûr parce qu' entre temps on a engagé du personnel euh on on s' est agrandi on était une trentaine et euh j' ai j' avais euh débau~ débauché de deux autres sociétés euh un garçon qui travaillait à la Bourse et qui était d' un grand dynamisme qui a créé des fonds de portefeuille euh de d' O P C V M c' est-à-dire euh des des SICAV des fonds communs de placement dont on en parle encore au jour d' aujourd' hui ce qui nous a permis de gérer euh des fonds euh de sociétés d' assurance de particuliers de grosses entreprises et des sociétés commerciales et donc euh grâce à ces quatre activités que je viens de vous décrire eh bien j' ai fait quarante ans euh de vie professionnelle dans le même établissement ce qui est un événement quand même assez exceptionnel étant rentré en culottes courtes et euh parti euh de cette banque à cau~ euh pour des raisons de santé puisque j' ai été atteint d' une maladie euh neuromyopathique qui n' est pas guérissable j' ai donc euh arrêté mes activités professionnelles euh en quatre-vingt-neuf euh e mis en retraite anticipée en quatre-vingt-onze euh avec une quarantaine d' annuités bref euh voilà la fin de ma carrière mais ce que je voulais vous dire euh c' est que autour de cette vie professionnelle pour moi euh j' avais une passion euh très importante qui était la musique que j' ai pu mener parallèlement euh à savoir le chant choral et pendant ces quarante années de d' activité professionnelle j' ai pu euh euh parallèlement mener euh mes activités en tout cas euh passionnelles c' est-à-dire le chant et j' ai évolué dans des choeurs euh qui sont sublimes qui existent toujours et qui ont euh quatre-vingts ans de d' activité musicale et c' est l' association musicale étrangère entre guillemets qui est la plus ancienne de France puisqu' elle a ét~ elle a été créée en dix-neuf cent vingt-trois et qui au jour d' aujourd' hui existe encore elle a donc euh soixante dix-sept ou soixante dix-huit ans s d' activité le chant m' étant étant ma passion j' ai travaillé euh pendant un an et demi deux ans dans un conservatoire municipal euh et euh j' ai eu la chance de travailler avec un directeur artistique euh qui dirigeait ces choeurs euh hum d pratiquement même temps que moi quand je suis rentré c' était donc euh aux environs de cinquante-trois et j' ai trouvé en face de moi un jeune directeur artistique un jeune chef d' orchestre et compositeur d' une grande valeur que j' ai apprécié on était amis euh qui m' a fait travailler la voix qui m' a appris à chanter surtout à chanter en chant choral ce qui est plus difficile à mon sens que de chanter en tant que soliste parce qu' on a une liberté une certaine liberté que l' on n' a pas euh en tant que soliste que j' étais comme ténor euh en tant que soliste de ces choeurs arméniens de Paris et euh donc euh j' ai fait donc un parcours parallèle à ma vie professionnelle un parcours très très intéressant euh puisqu' on a beaucoup voyagé dans toute l' Europe on a fait des enregistrements j' ai donc des témoignages palpables et auditifs euh de de ce parcours euh euh comment dirais-je euh passionnel euh qui qui m' a toujours marqué qui me marque encore puisque je suis le président de cette association ça c' est la deuxième chose que je voulais évoquer et je crois que c' est très important de pouvoir associer euh une passion quelle que soit la passion qu' elle soit artistique c' est mon cas euh à euh une vie professionnelle qui n' était pas ma passion la banque parce que j' avais beaucoup de euh presque du dégoût pour le pour le le le le l' argent que l' on palpe que l' on peut gagner euh j' allais dire facilement à l' époque relativement facilement connaissant la misère au départ et connaissant euh après la réussite quelque part euh je je me j' avais avec du recul je me posais beaucoup de réflexions

Arbres syntaxiques

Fichiers

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Corpus	CRFP
Nom du fichier	PRI-PSO-3
Responsable(s)	Claire Blanche Benveniste
Résumé	le locuteur raconte quelques épisodes marquants de sa carrière professionnelle dans une banque
Date de l'enregistrement	00/02/2001
Durée de l'enregistrement	00:15:42
Nature du signal	audio
Qualité du son	environnement peu bruité
Anonymisation du signal	script Daniel Hirst
Niveaux d'annotation	Annotation automatique
Annotation	automatique
Type	narration
Secteur	privé
Interaction en milieu …	amical
Modalité	oral
Nombre de locuteurs	1
Situation de l'enregistrement	face_à_face
Adresse d'échantillon	/annis-sample/crfp/PRI-PSO-3.html

Identiant du locuteur	L1
Âge du locuteur	61+
Sexe du locuteur	M
Profession du locuteur	directeur de banque (retraité)
Niveau d'études du locuteur	lycée
Lieu de naissance du locuteur	France, Ile-de-France, Paris banlieue Sud-Ouest