La Dépêche

Corpus:
Chambers-Rostand (E)
Nom de fichier:
La Dépêche
Contact:
Angela Chambers, Séverine Rostand, Université de Limerick, Irlande
Niveaux d'annotation:
Annotation automatique
Statut de l'annotation:
automatique
Type:
presse écrite
Sous-type de texte:
presse quotidienne régionale
Modalité:
écrit
Sample address:
/annis-sample/chambers-rostand/1_D_C_120202.html
Texte:
MOISSAC ( 82 ) : PEINTRE RECONNUE À PARIS , ELLE FAIT DON DE CINQ TABLEAUX À LA VILLE DE MOISSAC Georgette Guilbaud fait oeuvre de générosité A l' automne de sa vie , qui fut sans doute d' une richesse incroyable , Georgette Guilbaud dresse ce constat un peu triste : « A Moissac , on n' a jamais voulu me connaître. » Mais il n' est jamais trop tard pour bien faire et rendre hommage à une artiste qui a fait de Moissac à la fois son lieu de retraite et un sujet d' inspiration . Cinq toiles peintes à la gouache au début des années 90 et qui ont notamment été exposées au Grand Palais à Paris : c' est le don que Georgette Guilbaud a décidé de faire à la ville de Moissac . C' est le Dr Yves Pirame , ancien conseiller municipal , qui compte parmi les amis de la vieille dame , qui a fait valoir ce souhait auprès de Jean- Paul Nunzi . S' agissant de ces cinq tableaux , qui devraient trouver place prochainement dans la salle d' honneur de la mairie , Mme Guilbaud explique : « J' ai voulu faire l' essentiel de Moissac , notamment une chose extraordinaire qu' on ne pourra jamais refaire : la plantation du Mai pour les fêtes de Pentecôte. » Si aucun artiste ne pourra représenter à nouveau cette scène , c' est pour une bonne raison : c' est depuis la fenêtre de sa chambre , au 1er étage de sa belle maison de la place du Vieux-Port , que Georgette l' avait peinte , au début des années 90 . Il y a aussi ce grand tableau panoramique , une « Composition » qui réunit tous les monuments célèbres de Moissac . Et bien sûr les vignes de chasselas , en fleurs au printemps , en fruits dorés à l' automne ... ou ces trieuses en plein travail . « ON RESTAIT DEVANT LE MEME PLATRE 15 JOURS » Son premier tableau , une huile encore accrochée dans la cage d' escalier de sa maison , Georgette Guilbaud l' a peint en 1920 ... elle avait 13 ans alors et habitait le 9e arrondissement de Paris . Si elle est née à Sézanne ( joli clin d' oeil pour une artiste peintre ) , une commune de la Marne , c' est « tout à fait par hasard , raconte -t-elle . Ma mère était en voyage , je suis née dans le train entre Reims et Paris » . Si sa mère était Parisienne , son père était bien Champenois . « Il était né dans les coteaux d' Ay. » C' est donc dans la capitale que Georgette Guilbaud grandit ... et découvre la peinture . « J' ai eu Lucien Masson , directeur des Beaux-Arts , comme professeur de dessin . Pendant deux ans , j' ai fréquenté les cours du soir . Je me souviens qu' on restait devant le même plâtre pendant 15 jours. » Georgette rêvait de la vie de Bohème . La peinture la passionne , mais sa mère la pousse à faire de la musique . « C' était une discussion de ménage entre mes parents. » Finalement , ce sera le conservatoire et le professorat de piano . En 1938 , Georgette Guilbaud part pour l' Afrique . Elle suit son mari , nommé à Djibouti comme ingénieur de télécommunications . La guerre éclate . « En 1940 , un bateau devait nous rapatrier en France mais en fait on nous a débarqués au Liban . Dans ce vieux rafiot , qui devait faire son dernier voyage , j' étais dans la même cabine que la comédienne Marguerite Moreno . J' avais un petit chien , un Loulou de Poméranie , et Marguerite avait un chat . Je vous laisse imaginer le cirque ! » Georgette Guilbaud restera 6 mois au Liban , « en transit » . « Comme j' étais douée pour le dessin , le consul de France m' avait confié une étude des temples de Baalbek. » Pendant ce temps , son mari a été mobilisé comme radio-navigant dans le régiment Normandie- Niemen . Elle ne le reverra qu' en septembre 1945 ( « il a été un des derniers à rentrer » ) à Marseille , où Georgette avait repris , à la fin de 1940 , son métier de professeur de piano , au Conservatoire . Ses parents , eux , ont dû fuir Paris devant les Allemands . Le hasard de l' exode les mène à Castelsagrat , dans une jolie maison de campagne que leur fille artiste a peint plusieurs fois , lors de visites en Tarn-et- Garonne . « Je pense que c' est en 1942 ou 1943 qu' ils ont acheté cette maison à Moissac. » C' est là que Georgette Guilbaud vit aujourd'hui , elle qui vient de rentrer dans sa 95e année . Au rez-de-chaussée , elle fait encore courir ses doigts sur le piano et elle reçoit , dans son salon , des amis pour discuter de « l' affaire de sa vie » ... « La peinture ? Je l' avais dans la peau. » ( 1 ) Charles Dullin ( 1885 - 1949 ) , acteur , metteur en scène et directeur de théâtre français . Il se joignit à la troupe constituée par Jacques Copeau pour fonder le Vieux- Colombier en 1913 , puis créa son école ( 1921 ) et son théâtre , l' Atelier , en 1922 . Il a influencé de nombreuses générations de comédiens et metteurs en scène , à commencer par Jean-Louis Barrault et Jean Vilar .