La Dépêche

Corpus:
Chambers-Rostand (E)
Nom de fichier:
La Dépêche
Contact:
Angela Chambers, Séverine Rostand, Université de Limerick, Irlande
Niveaux d'annotation:
Annotation automatique
Statut de l'annotation:
automatique
Type:
presse écrite
Sous-type de texte:
presse quotidienne régionale
Modalité:
écrit
Sample address:
/annis-sample/chambers-rostand/1_D_E_040203.html
Texte:
Blair sur la corde raide L' Europe ou l' Amérique ? Tony Blair est à la croisée des chemins au risque du grand écart au-dessus des mers . Si le conflit irakien consacrait une rupture entre les Etats-Unis et la « vieille Europe » , le Premier ministre britannique serait embarrassé . Jusqu'à présent , Blair s' est toujours rangé avec zèle dans le sillage de Bush pour prôner une intervention militaire rapide contre Saddam Hussein . En signant une lettre commune avec sept partenaires européens la semaine dernière , il a franchi une étape supplémentaire dans son rôle de mouche du coche en prenant la tête d' une coalition qui conteste la position pacifique du couple Chirac-Schroeder . Au-delà du problème irakien , on peut également déceler dans cette démarche une réaction à la prééminence du couple franco-allemand à nouveau affichée . Mais si Blair basculait définitivement du côté des Etats-Unis , il pourrait remettre en cause toute nouvelle tentative de créer une politique étrangère européenne commune . C' est pourquoi , aujourd'hui lors du sommet franco-britannique au Touquet , il tentera de convaincre Jacques Chirac du bien-fondé de ses positions et de la nécessité d' une deuxième résolution des Nations-Unies qui ne soit pas dilatoire . Y parviendra -t-il ? Il y a peu de chances . La France souhaite accorder un délai supplémentaire aux inspecteurs de l' ONU . Et Raffarin a réaffirmé « l' autonomie » de notre pays dans ce dossier délicat . Blair joue gros dans cette affaire , notamment parce que l' opinion publique de la Grande-Bretagne ne le soutient pas dans sa politique va -t-en guerre . Sa popularité est même en train de chuter . Dans son parti , il est également très critiqué pour sa politique étrangère . Si une opération militaire en Irak s' enlisait ou provoquait un embrasement de la région , Blair serait mis au premier rang des responsables au côté de Bush . En revanche , si le conflit est rapide et ne déclenche pas de « dommages colatéraux » en matière géo-politique , le Premier ministre britannique en sortira renforcé . Face à Chirac et Schroeder , il pourrait apparaître alors comme le nouvel homme fort de l' Europe . Sa position serait d' autant plus centrale que les nouveaux pays admis dans le cadre de l' élargissement de l' Europe manifestent une fibre plutôt pro-américaine . Il pourrait alors en profiter pour organiser , l' an prochain , un référendum pour l' instant impopulaire sur l' entrée de la Grande-Bretagne dans l' euro . Plus que jamais , Blair est donc sur la corde raide . Sa politique vis-à-vis de l' Irak aura forcément des répercussions de politique intérieure . Plus expérimenté , Chirac s' est montré beaucoup plus méfiant envers un conflit avec l' Irak . Il a donc adopté une attitude prudente appréciée par l' opinion française . C' est aussi ce soutien qu' il aura présent à l' esprit lorsqu' il discutera aujourd'hui avec Tony Blair . Enfin , la dégradation de la situation en Côte d' Ivoire inquiète Paris qui redoute de s' enliser dans un boubier . La France , qui risque d' être mobilisée par ce conflit encore longtemps , y regardera à deux fois avant d' ouvrir un autre front en Irak . Décidément , Blair aura besoin de déployer toute sa force de persuasion pour circonvenir Chirac .