Le Monde

Corpus:
Chambers-Rostand (E)
Filename:
Le Monde
Contact:
Angela Chambers, Séverine Rostand, Université de Limerick, Irlande
Annotation tiers:
Annotation automatique
Annotation status:
automatique
Type:
presse écrite
Text type:
presse quotidienne nationale
Modality:
écrit
Sample address:
/annis-sample/chambers-rostand/1_M_C_280103.html
Text:
PHOTOGRAPHIE Patrick Faigenbaum aux racines du portrait « Le tirage peut changer le sens de l' image » , Patrick Faigenbaum , photographe Vos photographies sont remarquablement tirées . Que représente pour vous le laboratoire ? Le travail en chambre noire puis sur le tirage est le prolongement de la prise de vue . Il peut changer le sens de l' image . C' est la concrétisation d' une idée . Ce travail est donc déterminant . C' est un moyen de sculpter l' image , de lui donner du volume . J' ai toujours pensé la photographie en trois dimensions , et non en deux . La densité que j' essaie de mettre dans un portrait provient en partie du tirage . » Le portrait de l' homme sur le banc n' est pas grand-chose quand il est une reproduction . Au mur , dans son tirage et son format tels que je les souhaite , il devient tableau . Il n' existe vraiment que dans sa forme d' exposition . Mes portraits réalisés à Naples , par exemple , ont une texture mate , sombre , poudrée , cendrée même . C' est le résultat d' un long travail , au crayon et au pinceau , sur l' épreuve disposée sur un chevalet : je comble certains vides entre deux grains du tirage . Mais ces préoccupations vont bien au-delà du tirage . Je réfléchis autant à la forme et à la couleur de l' encadrement des images - pour une exposition à la galerie Barbara Gladstone , à New York , j' ai ainsi opté pour une poudre graphite cirée . La question du format est également fondamentale . Ce soin porté au tirage vient -il de votre formation de peintre ? J' ai arrêté la peinture parce que la fabrication du tableau me devenait pénible . Je voulais voir rapidement une image . Dès que j' ai commencé la photographie , en 1973 , j' ai possédé un laboratoire , chez ma mère . Toute ma vie était là . Le paradoxe est que j' ai passé plus de temps dans le laboratoire à tirer une image que , auparavant , à peindre un tableau . Le laboratoire était une façon de retrouver une pratique proche du pictural - volumes , plans , lumière ... Longtemps aussi , je ne suis pas passé par l' étape de la planche-contact . Je tirais toutes mes photographies pour ensuite les choisir . » J' ai aussi compris l' importance du tirage en regardant beaucoup d' épreuves originales , dans les années 1970 , à la Bibliothèque nationale . Je fréquentais aussi la Photo Galerie , rue Christine , qui était à la fois un salon de thé , un lieu d' exposition et une librairie . C' est là que j' ai découvert Ombres du Nil , le livre de Bill Brandt . J' étais si bouleversé que je n' ai pas pu l' acheter sur le moment . J' ai alors compris , aussi , l' importance du livre comme objet pour monter et montrer des photographies . Vous dirigez , en collaboration avec Marc Pataut , un atelier à l' Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris . Quel importance donnez -vous à ces questions techniques , qui sont le plus souvent évacuées par beaucoup d' artistes qui utilisent la photographie ? J' invite les étudiants à regarder beaucoup d' images , à réfléchir à leur sens , à découvrir des expositions et des livres . Pour leur travail , nous avons de longues discussions sur l' appareil de prise de vue qui leur convient le mieux , la pellicule à utiliser , la façon de la développer , le choix du papier , les produits de tirage ... Je leur explique que le travail en laboratoire nécessite de multiples essais , qu' il faut réfléchir au format . Faut -il aussi présenter des images isolées ou articulées avec d' autres ? La finalité de tout ce travail est que l' image doit « tenir » le mur .