Le Monde

Corpus:
Chambers-Rostand (E)
Filename:
Le Monde
Contact:
Angela Chambers, Séverine Rostand, Université de Limerick, Irlande
Annotation tiers:
Annotation automatique
Annotation status:
automatique
Type:
presse écrite
Text type:
presse quotidienne nationale
Modality:
écrit
Sample address:
/annis-sample/chambers-rostand/1_M_E_120802.html
Text:
Bush et les libertés UNE FORMIDABLE bataille juridico-politique a lieu aujourd'hui aux Etats-Unis . Elle intéresse toutes les démocraties . Elle touche une question essentielle : l' équilibre à trouver entre sécurité et liberté . Elle est au coeur du défi lancé par les hyperterroristes d' Al-Qaida si l' on croit que les libertés publiques sont l' une des composantes de la haine qu' ils vouent aux démocraties occidentales . Jusqu'à présent , dans leur grande majorité , les Américains approuvent la manière dont l' administration Bush mène la guerre contre le terrorisme islamiste . Ils comprennent les mesures d' exception , les entorses au droit commun : ils savent qu' il s' agit de lutter contre un adversaire disposé à tuer des milliers d' innocents . Mais une frontière menace d' être franchie . Et des Américains tirent la sonnette d' alarme . En première ligne , on trouve quelques juges exemplaires , la plus importante organisation d' avocats du pays et des associations de défense des libertés publiques . Ils étaient quelques-uns à avoir déjà trouvé douteux le sort réservé aux six cents détenus de la base navale de Guantanamo Bay , sur l' île de Cuba : ceux -ci , visités par la seule Croix-Rouge , ne peuvent bénéficier d' aucune des garanties de la justice américaine au motif - contestable - que l' endroit n' est pas situé sur le territoire des Etats-Unis ... Depuis le début , est également critiquée la décision de l' administration de tenir secret le nom des personnes arrêtées aux Etats-Unis mêmes dans le cadre de l' enquête sur les attentats du 11 septembre . Sur les 1 200 appréhendées dans les premières semaines , de 150 à 200 resteraient emprisonnées - incognito , sans qu' un avocat ou un juge les aient entendue s . Le ministère de la justice vient de faire appel d' une décision d' une juge fédérale de Washington , Gladys Kessler , l' obligeant à donner les noms de ces personnes . Mais l' administration veut aller plus loin . Elle s' en prend au coeur de ce qui fait la démocratie américaine : l' obsession de l' équilibre des pouvoirs , la volonté institutionnelle de contenir l' expansionnisme de l' exécutif . Elle veut pouvoir priver un citoyen américain de toute garantie juridique - lui interdire le recours à un avocat , le détenir sans procès de manière illimitée - au motif qu' il serait un " combattant ennemi " dans la bataille contre Al- Qaida . Et le ministre de la justice , John Ashcroft , s' en prend à un autre magistrat fédéral , réputé conservateur , le juge J. Harvie Wilkinson , qui conteste la prétention du gouvernement : celui -ci veut être seul habilité , sans avoir à fournir la moindre preuve à la justice , à déclarer un Américain " combattant ennemi " et à le priver ainsi de toutes ses libertés . " Ce n' est pas ce qu' ont voulu les Pères fondateurs [ de la démocratie américaine ] , écrit le New York Times . ( ... ) Le gouvernement va être libre d' arrêter qui il veut simplement en prononçant les mots magiques " combattant ennemi " . " Le vrai représentant de la démocratie américaine dans cette bataille n' est pas M. Ashcroft , mais le bon juge J. Harvie Wilkinson . Il doit gagner .