Le Monde

Corpus:
Chambers-Rostand (E)
Filename:
Le Monde
Contact:
Angela Chambers, Séverine Rostand, Université de Limerick, Irlande
Annotation tiers:
Annotation automatique
Annotation status:
automatique
Type:
presse écrite
Text type:
presse quotidienne nationale
Modality:
écrit
Sample address:
/annis-sample/chambers-rostand/1_M_E_280202.html
Text:
Droits syndicaux PLUSIEURS grandes entreprises industrielles tournent actuellement une page peu glorieuse de leur passé social : celle de la discrimination syndicale . Renault et la Société nationale des poudres et explosifs ( SNPE ) viennent de signer discrètement des accords historiques avec les syndicats . Reconnaissant que des militants ont été victimes de leurs engagements , ces entreprises s' y engagent à reconstituer leur carrière professionnelle . C' est Jean-Martin Foltz , président du directoire de PSA Peugeot Citroën , qui , dès 1998 , a inauguré ce type d' accords pour rompre avec l' image antisyndicale de son prédécesseur , Jacques Calvet . Dans le même temps , il a habilement mis à l' écart la CSL , le syndicat maison , interlocuteur privilégié de la direction de Citroën dans les années 1970 et 1980 . Ces accords sont le signe d' une double évolution dont on ne peut que se féliciter . Ils montrent qu' un certain nombre de directions ont compris qu' elles avaient plus intérêt à bâtir un véritable dialogue social avec des syndicats représentatifs qu' à mener une guérilla d' un autre âge . L' évolution , moins spectaculaire , est tout aussi notable chez certains syndicalistes , en particulier à la CGT , qui , jusqu'à présent , allaient jusqu'à tirer fierté de la discrimination . En raison de la lutte des classes , toute promotion paraissait suspecte . Mais cette stratégie s' est révélée à la longue mortifère . La CGT y a vu une des raisons de la désaffection des salariés , en particulier des jeunes , à l' égard du syndicalisme . Cette évolution est également due à un troisième acteur : la justice . Pour faire valoir leurs droits , les militants se sont en effet tournés vers elle . Ce n' est pas un hasard si , chez Peugeot , l' accord fondateur est intervenu moins de quarante-huit heures avant un jugement qui avait toutes les chances de condamner la direction . Plutôt que d' aller à Canossa , Jean-Martin Foltz a choisi de retourner la situation à son profit . La CGT et la CFDT ont engagé pas moins d' une quarantaine de procédures contre les directions . Certaines ont pris les devants : outre PSA , c' est aussi le cas de Dassault . D' autres , comme IBM , ont été condamnées et font appel , refusant de reconnaître les faits . Dans les entreprises signataires , la discrétion qui entoure les accords s' explique par la crainte d' un effet " boîte de Pandore " . Les syndicalistes ne sont pas les seuls à être victimes de discriminations : les immigrés , les femmes , les salariés les plus âgés peuvent souvent s' interroger sur leur déroulement de carrière . On ne compte qu' une femme dans les comités de direction de PSA et de Renault . Or , là aussi , les mentalités évoluent , et les juges sont de plus en plus sensibles à ces inégalités de traitement . La loi également a changé puisque le texte sur la modernisation sociale , s' appuyant sur la jurisprudence européenne , renforce la répression contre toutes les formes de discrimination . Les accords mettant fin à la discrimination syndicale ne doivent donc constituer qu' une première étape .