Le Monde

Corpus:
Chambers-Rostand (E)
Filename:
Le Monde
Contact:
Angela Chambers, Séverine Rostand, Université de Limerick, Irlande
Annotation tiers:
Annotation automatique
Annotation status:
automatique
Type:
presse écrite
Text type:
presse quotidienne nationale
Modality:
écrit
Sample address:
/annis-sample/chambers-rostand/1_M_I_280102.html
Text:
Le sort de l' Airbus militaire entre Bundestag et Cour constitutionnelle L' éditorialiste d' un grand quotidien a raconté l' histoire simplement : celle d' un homme qui rêve d' acheter une luxueuse voiture mais qui , après avoir raclé tiroirs et comptes bancaires , s' aperçoit qu' il ne peut acquérir qu' une modeste carriole . Qu' importe , il prend quand même la grosse voiture , pour s' apercevoir bientôt qu' il a acheté au-dessus de ses moyens . Le héros de cette fable est Rudolf Scharping , ministre ( SPD ) de la défense dans le gouvernement de Gerhard Schroder , et la voiture de ses rêves est l' avion de transport militaire A-400M que sept pays européens , dont la France , se proposent d' acquérir . L' avion , conçu par la division militaire d' Airbus , n' est encore que virtuel , maquette informatique qui permet d' illustrer de sa photo les articles qui vantent déjà ses qualités . Mais les ennuis qu' il est en train d' apporter au gouvernement allemand sont , eux , bien réels . Et le dernier en date est de poids : une saisine , par l' opposition , de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe , priée de rappeler à l' ordre le gouvernement Schroder , accusé de faire peu de cas des règles budgétaires . Si les magistrats donnaient tort au gouvernement , le sort du ministre de la défense , qui n' en est pas à sa première bévue , serait menacé . L' affaire a pris naissance dans l' euphorie du Salon aéronautique de Farnborough , en juillet 2000 , lorsque M. Scharping a promis que son pays achèterait 73 exemplaires de l' Airbus de transport militaire que huit pays européens se proposaient de construire . L' Allemagne en avait -elle seulement besoin ? Rien n' est moins sûr . Des militaires estimaient qu' une quarantaine d' appareils étaient bien suffisants . D' autres pensaient que l' Antonov russo-ukrainien AN 70 , moins cher , ferait très bien l' affaire . Mais , avec cette grosse commande , M. Scharping , travaillé au corps par les industriels allemands de l' aéronautique , espérait pouvoir accueillir à Hambourg l' essentiel de la chaîne de montage , laquelle ira finalement à Séville , en Espagne . Quelques mois plus tard , le Bundestag , majorité et opposition réunies , votait l' inscription au budget de la défense de 5 , 1 milliards d' euros pour l' acquisition des avions livrables en 2008 . Compte tenu de l' évolution des coûts et du projet , cette somme ne permet plus aujourd'hui que d' acquérir 41 appareils . Pour les 32 autres , il faudrait une rallonge de 3 , 5 milliards d' euros à laquelle s' ajouteront , selon les experts , d' inévitables surcoûts , soit , encore , 2 , 5 milliards d' euros . Ce dérapage et les réticences de son collègue des finances n' ont pas arrêté le ministre de la défense qui , il y a quelques mois , a confirmé d' une signature l' achat des 73 appareils , sous réserve toutefois , comme l' y oblige la Constitution , que le Bundestag donne son aval . Entre-temps , le gouvernement italien de Silvio Berlusconi avait préféré se retirer et M. Schroder avait confirmé auprès de ses alliés l' engagement ferme d' une Allemagne sans laquelle le projet risquait de n' être plus viable . Après bien des discussions de coulisses et un rapport de la Cour des comptes jugeant le projet trop coûteux et surdimensionné par rapport aux besoins de l' armée de l' air , le dossier est revenu , jeudi 24 janvier , devant le Bundestag , invité à donner son aval . L' opposition est alors montée au front , sommant le gouvernement de faire un collectif budgétaire pour couvrir les dépenses nouvelles . Or c' est ce que ce dernier veut éviter , peu soucieux d' accroître l' endettement du pays en période électorale . Après un débat long et particulièrement houleux , il a fait voter par sa majorité un texte qui approuve l' achat des 73 appareils tout en renvoyant leur financement supplémentaire au budget de l' année 2003 , après les élections . Colère de l' opposition , qui a aussitôt saisi la Cour constitutionnelle . Celle -ci se prononcera le 29 janvier . Outre le sort du ministre de la défense , la Cour tient peut-être aussi dans ses mains l' avenir de l' A-400M. Airbus a expliqué qu' il lui faut une commande globale minimale de 196 avions avant de lancer le programme .