Le Monde

Corpus:
Chambers-Rostand (E)
Filename:
Le Monde
Contact:
Angela Chambers, Séverine Rostand, Université de Limerick, Irlande
Annotation tiers:
Annotation automatique
Annotation status:
automatique
Type:
presse écrite
Text type:
presse quotidienne nationale
Modality:
écrit
Sample address:
/annis-sample/chambers-rostand/1_M_S_120802.html
Text:
Athlétisme Au lancer du marteau , la sage Manuela Montebrun s' empare du bronze Lorsqu' elle a vu retomber pour la sixième et dernière fois son marteau sur la pelouse du stade olympique de Munich , devant 60 000 spectateurs connaisseurs et enthousiastes , Manuela Montebrun a souri . Parce qu' elle savait que la médaille de bronze était sienne désormais , grâce à un lancer à 72 , 04 m quelques instants plus tôt . Parce qu' elle était heureuse , simplement heureuse . A 22 ans , la Lavalloise parvenait enfin à se débarrasser de cette fâcheuse habitude de voir son bras trembler sous la pression des grands rendez -vous , alors qu' elle figure depuis trois ans parmi les toutes meilleures lanceuses mondiales . C' était suffisant pour lui faire vivre une joie simple . Je peux vous assurer que , à l' intérieur , ça bout , souriait -elle . Mais il est vrai que je ne le montre pas . Dans une discipline réputée pour ses fortes personnalités , ses caractères exubérants , la jeune femme détonne : Vous savez , je ne vois pas trop l' intérêt de hurler après un lancer . Je ne pense pas que ça fasse voler le marteau plus loin . On pourrait la croire timide quand elle n' est que réservée , avec juste ce qu' il faut de malice dans le verbe pour qu' on l' imagine différente de l' image qu' elle renvoie . Une jeune fille sage , en tout cas . Sa seule folie ? S' être intéressée , à 15 ans à peine , à une discipline naissante : le lancer du marteau féminin , dont le pouvoir d' attraction sur une jeune fille de cet âge peut sembler limité . Son modèle , à l' époque , celle dont l' exemple la pousse vers cette spécialité étrange , est une certaine Florence Ezeh , d' à peine deux ans son aînée . Celle -là même qui a obtenu , juste derrière Montebrun , la 4e place du concours à Munich . UN DIPLOME ET UN METIER Va donc pour le marteau . Mais pas sans filet . Manuela n' a jamais aimé l' aventure , elle qui eut tant de mal à quitter son petit village mayennais , près de Laval . Avoir un diplôme et un métier , c' est déjà pas si mal , non ? Les études sont une priorité , qu' un exil à Paris lui permettra de concilier avec l' athlétisme au sein de l' Institut national des sports ( Insep ) , le temple du haut niveau français . Sous la houlette de Guy Guérin , l' entraîneur national de la discipline , elle progresse à pas de géant , tout en assurant son cursus de professeur d' éducation physique . Il faut dire qu' un marteau ne nourrit pas son lanceur , surtout en France , où les lancers baignent dans une profonde indifférence populaire et médiatique . Pourquoi ? Je ne sais pas . Peut-être faudrait -il demander cela aux journalistes , glisse -t-elle , l' oeil goguenard sous sa frange droite . Ce n' est sans doute pas cette médaille de bronze , le premier podium européen pour un lancer français depuis les exploits de Micheline Ostermeyer , voilà 52 ans , qui changera la donne . En revanche , elle offrira à Manuela un peu plus de cette confiance qui lui a permis de monter sur le podium . Voilà deux ans que je suis en équipe de France seniors , et désormais je m' y sens bien , constate -t-elle sobrement . C' est sans doute ce qui explique que j' ai pu , enfin , exprimer mon vrai niveau dans une grande occasion . Rien de plus . Manuela Montebrun , quoi qu' il advienne , continuera d' être une jeune fille sage .